D'abord nommé Spider-Man : Shattered Dimensions, le prochain jeu mettant en scène l'homme-araignée vient de se trouver un nom français (Spider-Man Dimensions) et a profité d'une présentation parisienne pour proposer, à quelques petites semaines de sa sortie officielle, une version jouable aux journalistes. Un jeu très proche des différentes BD de Stan Lee, proposant quatre univers caractérisés par leurs propres identités visuelles et gameplay. Une nouvelle vision vidéoludique des aventures de « Spidey » dans la lignée des dernières - bonnes - adaptations des super-héros américains en jeu vidéo : rendre hommage à la BD.

L'homme-araignée en quatre dimensions

Spider-Man en jeux vidéo, ce n'est pas forcément une grande réussite. Cette licence est ponctuée de succès et de désillusions dans l'histoire vidéoludique. La tâche s'annonce rude pour le prochain titre d'Activision afin de ne pas décevoir les fans. Spider-Man Dimensions met en scène plusieurs « versions » de l'homme-araignée, qui correspondent à plusieurs éditions des aventures en bande dessinée. Qu'il s'agisse d'Amazing Spider-Man (l'originel né en 1963), de Spider-Man 2099 (apparu pour la première fois en 1992), d'Ultimate Spider-Man (une version modernisée de la bande dessinée depuis 2000) ou encore de Spider-Man Noir (une saga qui a débuté fin 2008 où Spider-Man évolue dans les années 30, dans une Amérique en crise économique entre les deux guerres), chacun des différents univers exploités propose au joueur une ambiance et un gameplay spécifique, adapté simultanément au contexte de la bande dessinée représentée et à la narration globale du jeu. Une idée loin d'être mauvaise.

Afin de justifier cette pirouette au niveau du scénario, le jeu commence par l'intervention d'Amazing Spider-Man dans un musée où il tente d'empêcher Mystério (un de ses vieux ennemis) de s'approprier un artefact mystique aux pouvoirs surnaturels. Dans l'action, l'homme-araignée endommage accidentellement l'objet et ouvre plusieurs failles dimensionnelles. Les « autres » Spider-Man sont alors prévenus du danger. Ils entrent à leur tour en action dans leurs mondes respectifs dans le but de retrouver les morceaux d'artefacts dispersés à travers les dimensions et ainsi aider le Peter Parker originel à couper les liens entre les mondes parallèles. Dans l'absolu, c'est une histoire inédite qui permet au joueur de (re)découvrir plusieurs méchants charismatiques de la série, sans se cloisonner à une seule série de comics en évitant au passage certaines erreurs narratives. Car les ennemis ne sont pas tous présents dans l'intégralité des univers de « Spidey ».

« Spider-Man Dimensions donne l'impression de proposer quatre jeux différents avec le même personnage »

Thomas Wilson (Directeur Créatif) nous a confié que la volonté des développeurs était de s'approcher au plus près du monde de la BD, aussi bien esthétiquement que sur le gameplay. À ce sujet, il souligne même que Stan Lee lui-même est bluffé du résultat animé car c'est précisément ce qu'il avait imaginé si ses comics avaient été interactifs. Cependant, un choix a été fait dès le début du développement du soft : le tisseur n'évolue pas dans un monde ouvert (on se souvient d'Ultimate Spider-Man, en 2005, qui avait proposé un New-York gigantesque en cel-shading) mais dans plusieurs vastes niveaux. Le but est de toujours garder le joueur dans le feu de l'action et limiter les temps morts dans le récit. Voilà comment transformer une contrainte technique en argument narratif (quatre univers, donc quatre adaptations de New-York, ça fait beaucoup de travail et ça prend énormément d'espace sur un support physique). L'autre avantage est que cela évite l'erreur de proposer une vaste zone de jeu... vide ! (Une nouvelle pensée pour Ultimate Spider-Man).

Spider-Man Dimensions donne l'impression de proposer quatre jeux différents avec le même personnage. Avec Amazing Spider-Man, on alterne les phases de plate-forme et les affrontements, dans un registre classique où les pouvoirs de l'araignée sont on ne peut plus basiques : tissage de toile permettant de matérialiser des armes manuelles lourdes, sens de l'araignée permettant de voir à travers la fumée et les murs peu épais, etc. En se servant de Spider-Man Noir, on a affaire à un jeu orienté infiltration où les combats sont à éviter autant que possible, car l'homme-araignée encaisse mal les dégâts. Un genre très proche de Batman : Arkham Asylum. Spider-Man 2099 est clairement orienté action avec des phases de chutes libres à travers un New-York futuriste, en profitant d'un sens d'araignée inédit : la « vision accélérée » qui permet de ralentir le temps tout en conservant sa vitesse de déplacement. Enfin, en optant pour Ultimate Spider-Man, on se sert de Peter Parker utilisant le costume du symbiote et ses capacités dans un beat'em all brutal dans lequel on peut déclencher un mode Rage après avoir encaissé un grand nombre de coups. Ce mode propose également des phases de jeu à la première personne en Quick Time Event. Et ça remue sévèrement !

Une toile trop courte ?

Le jeu est réparti sur 13 niveaux, à travers trois actes. Chaque acte propose de terminer un niveau correspondant à un des quatre univers de l'homme-araignée présents dans le jeu. Dans l'ordre souhaité. Néanmoins, pour passer à l'acte suivant il faudra avoir tout bouclé. Impossible, par exemple, de terminer l'intégralité des niveaux de Spider-Man Noir d'une traite et de revenir ensuite sur Spider-Man 2099. L'histoire impose ainsi l'alternance d'une dimension à l'autre. Chaque niveau est conclu par l'affrontement avec un des ennemis du tisseur. Cependant, le boss du niveau vient régulièrement nous mettre des bâtons dans les roues au cours de la partie et des mini-affrontements ont lieu au long de la progression. Globalement, Thomas Wilson affirme qu'il faut une douzaine d'heures de jeu pour venir à bout de Spider-Man Dimensions. Toutefois, le joueur téméraire peut tenter de terminer les 15 challenges par niveau et débloquer les 12 costumes cachés, ce qui prend nettement plus de temps. Mais est-ce suffisant pour augmenter significativement la durée de vie ?Graphiquement, le titre s'avère très séduisant et reprend avec brio l'ambiance visuelle de chaque bande dessinée qu'il soit noir, coloré, épuré, ou très lumineux. La prise en main est on ne peut plus rudimentaire, les commandes tombent sous le sens lorsque l'on se déplace à travers les environnements et les phases de combat se montrent vraiment simples. Hormis tenir un minimum ses distances avec certains adversaires, cogner, encore et encore, en variant les attaques, est la stratégie à adopter. Ça manque un peu piment, de mouvements défensifs, mais on s'y fait vite. La version originale propose les doublages de différents acteurs qui ont donné leurs voix dans divers dessins animés et séries consacrées à l'homme-araignée. Stan Lee est même le narrateur, la voix off, de Spider-Man Dimensions. On espère que la VF fera un effort en ce sens pour les fans. Étant donné que le jeu est prévu pour le 10 septembre 2010, plus que deux bonnes semaines à attendre avant de décortiquer le titre à fond.