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Test No More Heroes 2 : Desperate Struggle

Perdre un ami, c'est dur. Mais ça devient un drame quand le pote en question est votre fournisseur de cassettes pornos. Vengeance ! C'est avec la rage de celui qui a été privé de connexion internet pendant 2 jours que Travis Touchdown décide de redevenir le tueur numéro un. Plus de négociation possible, fini les héros ! En prime, la bombe sexuelle Sylvia, mix improbable de Megan Fox et de Scarlett Johansson, vous promet aussi quelques récompenses en nature si vous atteignez à nouveau le sommet. Qu'on se le dise, Travis est plus motivé qu'un Nicky Larson en rut !

« La suite se doit d'exploser encore plus »

Difficile pour un héros de reprendre le combat quand on occupe la position de favori. En général, Rocky se prenait une dérouillée, partait s'entrainer sur un montage musical puis gagnait à la fin. Les séries de jeux vidéo font généralement comme les films d'action de l'été. La suite se doit d'exploser encore plus. On nous promet le double d'ennemis et des hectolitres de sang à l'écran. Mais No More Heroes premier du nom était un jeu réellement punk qui s'affranchissait de certaines règles en partant dans tous les sens. C'était déjanté, à tel point que sa fin n'en était pas une. Queue de poisson finale, « crachat à la gueule », appelons-le comme on le voudra.

Ce tour de force « youtubisé » avait des coups de génie venus du monde de l'animé, du comics et du cinéma. La référence, le clin d'œil, l'appel lancé aux fans de tous les continents, c'est vraiment l'idée de base de No More Heroes qui, avec cette suite, s'affiche dans un grand moment de « sous-culture pride ». Dans l'absolu, No More Heroes 2 reste ce beat-them-all très malin qui n'était pas tombé dans le piège grossier qui plombe les éditeurs tiers sur Wii.

Plutôt que de vous faire mouliner la Wiimote comme un taré sous prétexte de manipuler un sabre laser, les No More Heroes vous invitent à effectuer simplement des mouvements finaux assez cool (généralement des prises de catch dont Travis est amateur éclairé). Il nous refait le même coup du sabre laser dont il secoue le manche de manière suggestive. On est donc en terrain connu. Une fois bien excité, il pourra laisser libre cours à ses bas instincts sanglants ou bien se transformer en tigre féroce qui tue direct. Le reste, c'est du classique, solide, avec toujours l'inévitable drame des caméras des jeux d'action ; un problème qui ne sera sans doute pas résolu de notre vivant. Du coup, on bourrine, on fracasse le bouton A au corps à corps comme jamais avec l'espoir de sortir des combos, plus nombreux dans cette suite. Pour plaire aux grincheux, on pourra même connecter un pad classique, juste 2 minutes, le temps de revenir avec plaisir au combo Wiimote/Nunchuk. Victoire pour la Wii.

Rangé des motos

L'équipe de Grasshopper a dû passer en revue ce qui marchait et ne marchait pas dans le premier opus. À l'unanimité, ils ont sabré les voyages en bécane à travers Santa Destroy. Trop vide, pas assez complet, ces phases Grand Theft Auto-like avaient dû mal à exister face à celles de beat-them-up qui brillaient surtout pour ses rencontres dantesques avec des boss. On sera quand même pris d'une pointe de nostalgie pour cette proposition de jeu « bac-à-sable » qui essayait de faire comme les grands. Même plus besoin de payer pour participer au classement du meilleur tueur, ce qui fait qu'à vol d'oiseau, le jeu peut se terminer en 7-8 heures. Un peu court, jeune homme.

Ce serait sans compter le « plus-produit » de No More Heroes. Travis peut toujours se balader dans la ville via un menu. C'est plus austère, plus posé, on ne perd pas de temps. Ainsi, plutôt que de pointer au chômage, on va directement chercher un job d'appoint qui ne servira qu'aux à-côtés du jeu. Ces boulots, ils sont désormais matérialisés comme des petits jeux trafiqués à la sauce 8 bits. Patte graphique crapoteuse, contrôle abrupt, c'est fait exprès pour s'y croire un peu plus. Assembler une tuyauterie, chopper des noix de coco, chasser les rats, tout ça avec des graphismes et un son qui fait blip ! blip ! participe au trip faussement nostalgique et plutôt marrant. Et comme il y en a un petit paquet, fatalement, ils sont un peu inégaux. Comme dans la vie, certains boulots sont vraiment plus pénibles que d'autres.

On aurait pu penser que sans la liberté de se déplacer, No More Heroes 2 serait devenu un jeu d'action un peu plan-plan. Heureusement, il regorge de gadgets et gimmicks un peu barrés. On citera en vrac la possibilité de choisir ses fringues, jouer à une parodie de manic shooting dans son canapé, admirer les différents goodies récoltés dans le jeu et - c'est important pour tous les amis des chats - s'occuper d'un gros matou aussi moche qu'attendrissant. Toute l'esthétique « m'enfoutiste » de No More Heroes 2 pourrait se résumer à ce pauvre animal un peu vilain qu'il faut nourrir mais pas trop sinon il grossit, tout en lui faisant des étirements débiles ou des sauts pour lui muscler les pattes. Attention ! Le jeu est vraiment une réussite technique. Il a sa patte. Mais un jeu punk, ça peut tout se permettre, même la laideur humoristique, même la caricature graphique. Des boulots, une relative liberté de glander sur son canapé, il y a ici un véritable éloge de la paresse qui n'est pas sans rappeler le brave Ryo Hazuki de Shenmue qui, à la recherche de l'assassin de son père, prenait le temps de jouer aux fléchettes ou de compléter sa collection de gashapon Sonic The Hedgehog. Absolument inutile donc rigoureusement indispensable.

« Ne rajoutez pas de héros ! »

Le seul piège un peu nul dans lequel tombe No More Heroes 2 est un des plus classiques des suites en jeu vidéo. Il y a des personnages supplémentaires, forcément, dont Shinobu, une fille assez sexy au caractère de fangirl. Contrairement à Travis et à Henry, cette ninja métisse a la capacité de sauter. Et pourtant, l'équipe de Suda 51 aurait dû se méfier de cette loi aussi sexiste que ne renierait pas Eric Zemmour. Car depuis Devil May Cry 2, il y a bien une vérité aussi certaine que le théorème de Pythagore : « un personnage féminin aux contrôles différents, rajouté juste pour un semblant de pluralité, c'est toujours un bide assuré ». Quand on la voit se prendre les murs de ses niveaux spécialement orientés « plateformes », visiblement bricolés vite fait pour elle, on a envie de hurler. « Pourquoi ? Mais pourquoi ! » Heureusement, ce passage est suffisamment court pour être pris d'un coup bref, comme un médicament qui donne un sale gout dans la bouche. Après, on se sent mieux. C'est d'autant plus dommage car le personnage, pur fantasme de la lolita des films de chambara aurait mérité vraiment mieux. Henry, l'autre personnage est un peu plus anecdotique, mais au moins il a les deux pieds sur terre, lui.

Comme la série des Metal Gear, No More Heroes 1 & 2 partagent un goût pour les boss que le dialogue arrive à enrichir et développer en quelques phrases. C'est si percutant que le sous-titrage français peine à suivre, clopin-clopant. Ces méchants, on les aime à tel point qu'on en regrette de les découper en « knackis » pour mettre un terme au combat. Ces super vilains tout droit sortis des films de la blaxploitation, de samouraï ou d'une série de Super-Robots géants, on les adore presque autant que ce looser de Travis qui course toujours la même nana depuis le premier opus. Comme dans un film d'action, on se demande si la bande-annonce ne nous en a pas trop raconté... Mais non, c'est « son & lumière » garanti après chaque traversée de niveau. Ce joueur de football US qui s'assemble avec ses pom-pom girls pour céder la place à un robot géant, il faut le voir pour le croire.

Dès le début, on apprend que Travis doit battre les 50 concurrents qui le devancent au classement mais c'est presque avec regret qu'on voit le scénario jouer au plus malin en nous faisant sauter des étapes. En même temps, 50, ça ferait un jeu beaucoup trop long. Du coup, il reste des petites missions de vengeance, bricolées vite fait en plus, où il faut flinguer le chef de gang adverse. Malgré toutes ses bonnes et lubriques intentions, ça sent la suite de commande. Pas de petites trouvailles géniales, juste du développement de personnages. Suda 51 donne l'impression d'avoir chapeauté le projet pour permettre à quelques stars du jeu vidéo et du cinéma de faire quelques participations surprises dans les crédits finaux.

Conclusion

Avec ses défauts assumés et criards, No More Heroes 2 donne l'impression d'être l'équivalent vidéo-ludique aux films d'exploitations, ces films réalisés en évitant les dépenses, destinés à une exploitation commerciale maximale tout en excitant le public un peu voyeur et lubrique. Un public de niche, le plus ciblé possible. On pourrait presque croire qu'à eux deux, les No More Heroes sont une offre bicéphale cohérente comme l'était l'offre rétro Grindhouse de Tarantino et Rodriguez. Avec toujours ce même gout de la démence assumée. Moins inventif comme quasiment toutes les suites du monde, No More Heroes 2 balance quand même avec panache ses dialogues fous, sa violence pop et son goût immodéré pour les ass shots des femmes fatales, avec un réel amour du jeu vidéo. Le jeu de série B a trouvé son porte-drapeau pour cette nouvelle décennie.


Jeuxvideo.fr


12/03/2010
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