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Vanquish en Test : le Third Person Shooter sous haute tension

Après avoir dominé tous les BTA de ces dernières années de plusieurs têtes avec Bayonetta, Platinum Games nous donne aujourd'hui sa propre vision du TPS avec Vanquish. Une véritable leçon.

 

L'annonce de la création du studio Platinum Games en 2007 avait suscité d'immenses espoirs chez beaucoup de joueurs. Trois ans après, force est de reconnaître que la dream team Inaba, Kamiya, Mikami entourée de nombreux développeurs de grand talent a déjà totalement rempli son contrat en produisant une poignée de titres d'excellente qualité. Mad World, Bayonetta et Infinite Space ont, chacun dans leur domaine, imposé le style Platinum Games. Avec Vanquish, le studio nippon s'attaque à un genre ultra concurrentiel : le Third Person Shooter.

La fromagerie en bas de chez moi elle vendait trois choses ...


Vanquish
Le TPS est devenu un truc d'occidental. Pas de débat là-dessus. D'ailleurs, il faut reconnaître que l'ouest a su revigorer le genre. Pour autant, ses mécanismes fondamentaux sont bel et bien de conception japonaise. La fameuse vue « épaule » et le cover system étant respectivement issus de RE4 et Kill Switch. Cliff Blezinski cite d'ailleurs explicitement ce dernier comme influence pour Gears of War. Avec Vanquish, le Japon se réapproprie le genre et Shinji Mikami - pas ingrat le bonhomme - n'oublie pas de remercier au passage les développeurs d'Epic pour tout ce qu'ils ont apporté en terme de gameplay et de mise en scène. Mais le rapport entre les deux titres s'arrête à ces cordialités. Vanquish est à Gears ce que Bayonetta est à Devil May Cry : un sérieux coup de pied dans les balloches. Entendons-nous bien : il n'est pas ici question de dénigrer Gears Of War et ses rejetons. Mais plutôt de célébrer la fureur et la classe éblouissante de Vanquish.

Prenez un héros avec un physique de héros, des répliques de héros et une destinée de héros. Bon, pas de quoi s'amouracher du gaillard. Maintenant glissez le dans une armure de combat ultra-sophistiquée avec un générateur de puissance qui pulse dans le dos, des réacteurs sur les jambes, des petites antennes sur le casque, quelques loupiotes qui clignotent quand le bordel est poussé à plein régime. Voilà, le charme opère, votre nerditude atteint son seuil critique. Sam est aux ordres du DARPA. Un super job de fonctionnaire qui vous permet d'enfiler ce genre de matos dernier cri quand d'autres doivent se contenter d'enfourcher une bicyclette pour distribuer le courrier. Et quand un salaud de terroriste russe pirate une station orbitale américaine (mais que fait Hadopi ?!) pour tenter de mettre le land of the free à genoux, Sam est envoyé en premières lignes aux côtés des space marines du Lieutenant-Colonel Burns.


La version preview du jeu nous avait déjà pas mal refroidi sur le bout de scénario développé durant le premier acte. Après avoir bouclé les cinq dont se compose l'histoire dans son intégralité, il faut se rendre à l'évidence : Mikami nous a joué de la flute. Vanquish débite une histoire archi-convenue s'achevant sur un plot twist du pauvre. D'ailleurs n'attendez même pas de dénouement puisque la dernière cinématique du jeu annonce explicitement une suite. Certains diront qu'un TPS n'a pas besoin d'un bon scénario pour accrocher le joueur. Certes, ils n'ont pas tort. Mais il est tout de même bien dommage qu'avec un univers futuriste aussi clinquant Platinum Games n'ait pas poussé la démarche en offrant un scénario plus travaillé. Ceci étant dit, Vanquish a évidemment beaucoup d'autres arguments à faire valoir.En premier lieu, on s'en serait douté, son gameplay. Vanquish reprend donc à son compte les fondamentaux du genre mais s'en sert surtout comme point d'appui pour prendre son envol. Et on ne parle d'un petit battement d'ailes mais bien de réacteurs chauffés à blanc. En fait, on sent d'emblée que l'idée que Shinji Mikami cherche à concrétiser depuis P.N.0.3 a trouvé dans le third person shooter post Gears Of War un cadre formel idéal dans lequel s'incarner. Ainsi, chaque changement de cover point, chaque roulade, chaque propulsion, chaque franchissement d'obstacle est l'occasion d'activer le RS Mode, amplifiant les réflexes et distordant la perception du temps. Concrètement, il s'agit d'un effet bullet time boostant à la fois l'efficacité de Sam et l'égo du joueur. Car chaque utilisation du RS s'accompagne d'une pose savamment étudiée pour de véritables « instants Kodak ». Rien à redire, Sam crève l'écran.

Vanquish
Vanquish
Vanquish


 
Cependant, le RS Mode vient puiser dans les ressources de l'armure, symbolisées par une jauge. Il est donc essentiel de ne pas être trop gourmand sans quoi l'armure surchauffe et Sam redevient un simple piéton. En parlant de surchauffe, on regrettera tout de même que le combat au corps à corps ou l'utilisation de la charge conclue par un magistral coup de latte épuise systématiquement les ressources de l'armure. Car, plutôt que de tenter de petites incursions dans les rangs ennemis pour défourailler de la tôle avant de se replier derrière un abri, on finit par se montrer beaucoup plus précautionneux en privilégiant l'affrontement à distance. Dommage, il est pourtant super badass ce combo ravageur directement emprunté à God Hand. En dehors de cet écueil, tout est parfaitement pensé pour que le joueur se familiarise petit à petit avec les capacités de l'armure et se fasse plaisir en combattant avec classe.Bien entendu le gameplay ne se résume pas à quelques actions d'éclat entre deux glissades sur les genoux. L'arsenal dont dispose Sam et le système de progression qui lui est associé en est également une part importante. Après une petite heure de jeu, toutes les pétoires disponibles nous sont déjà passées entre les mains. Fusil d'assaut, mitrailleuse lourde, lance-missile, arbalète laser, fusil de précision et autre lance-disques, au total il faut compter sur une bonne dizaine de gros flingues disséminés un peu partout dans le décor (voire dropés par les space marine agonisants que vous aurez sauvés). Bref, pas énorme, mais le plus intéressant réside dans leur montée en puissance basée sur un système simple et particulièrement bien pensé. Lorsqu'une arme de votre arsenal (qui comte trois pétoires et deux types de grenades) est chargée au maximum de ses capacités, il suffit d'en ramasser une du même type pour lui faire prendre du galon. Petit à petit, l'arme en question monte en grade et chaque palier franchi dispense une amélioration : +40% de capacité de chargeur, + 30% de puissance, +50% de portée, par exemple.

Il est également possible de recueillir des améliorations sur le champ de bataille dont la particularité est de faire directement évoluer l'arme actuellement équipée. Bref, il s'agit donc là d'une excellente idée évitant d'avoir à s'enquiquiner avec des répartitions de points entre chaque mission. On aurait néanmoins apprécié que l'armure puisse elle aussi évoluer vers plus de puissance. Il manque peut-être à Vanquish un peu de folie à ce niveau-là. Ainsi jusqu'au derniers instants de l'aventure nous avons espéré voir Sam profiter d'upgrade complètement craquées façon metal hero.

 

Pour Vanquish, Mikami le paquet !



Vanquish

A ce stade de notre article, si nous ne sommes pas complètement nuls, vous devez être convaincus que le gameplay de Vanquish est un vrai bonheur à pratiquer. Il nous faut tout de même tempérer notre enthousiasme débordant en évoquant la durée de vie un peu juste de l'aventure. En mode normal il faudra compter 7 ou 8 heures de jeu pour boucler la campagne. Ajoutez-y 3 ou 4 heures supplémentaires si vous optez pour le mode Difficile dès le premier run. Enfin, un mode Légendaire se débloque une fois le jeu terminé. Cela peut paraître faiblard et ça l'est d'ailleurs d'une certaine manière. Cela dit, le plaisir immense éprouvé sur le champ de bataille devrait convaincre la plupart des joueurs de remettre le couvert. De plus, un mode Défis particulièrement hardcore attend les plus téméraires d'entre vous sans parler du tableau de score sanctionnant chaque mission qui ne manquera pas de stimuler les joueurs les plus motivés. Reste qu'on était en droit de s'attendre à une durée de vie un peu plus conséquente. Mikami aurait été avisé de s'inspirer de ce que proposait Bayonetta pour inciter le joueur à parcourir son titre en long en large et en travers.Mais revenons-en au jeu à proprement parler en nous intéressant maintenant au level-design et, plus généralement, à la progression. A l'instar de tous les TPS - ou presque - sortis ces dernières années, Vanquish adopte un level-design relativement clôt. Cependant, la fureur des affrontements et la diversité « architecturale » des aires de jeu préviennent tout sentiment d'enfermement. D'une part, les troupes ennemies se montrent particulièrement aggressive, n'hésitant jamais très longtemps à venir nous déloger si l'envie nous prend de rouiller trop longtemps derrière le même abri. Ensuite, la variété des situations proposées relance constamment l'intérêt des affrontements. Rien à redire, le level design est un modèle du genre et parvient à se renouveler sans cesse.

« L'univers de Vanquish devrait, à coup sûr, séduire les fans de science-fiction et plus particulièrement les fidèles du style nippon dans le domaine »



On ne peut pas forcément en dire autant en ce qui concerne les boss. Le premier d'entre eux, l'Argus, revient ainsi à trois reprises sans que la tactique pour s'en défaire ne change d'un iota. En revanche, d'autres affrontements au sommet nous resteront en mémoire comme ce remake de David contre Goliath opposant Sam et les space marines qui l'accompagnent - totalement inefficaces en combat, soit dit en passant - à une machine de guerre titanesque figurant parmi les ennemis les plus impressionnants qu'un jeu vidéo ait jamais osé nous mettre dans les pattes. Quelques demi-boss valent aussi leur pesant de cartouches, comme cette espèce de créature protéiforme née de l'agglomération de matériaux disparates rappelant immanquablement la physiologie chaotique d'un Tetsuo dans Akira. A noter que certaines influences du mecha design sont assez évidentes. L'armure de combat de Zaitsev semble toute droit sortie de Metal Gear Solid, tandis que l'allure de Burns à la toute fin du jeu rappelle furieusement le design du RX-78 GP02A de Gundam 0083 : Stardust Memory.Et ça tombe bien, tant que nous en sommes à parler de design, autant aborder maintenant la direction artistique du titre. L'univers de Vanquish devrait, à coup sûr, séduire les fans de science-fiction et plus particulièrement les fidèles du style nippon dans le domaine. Les autres pourront reprocher au jeu de Platinum Games une certaine uniformité visuelle, le titre ne s'écartant jamais vraiment de ce style techno-futuriste aux teintes grises et à la texture métallisée. Dès lors, si ce style vous laisse de marbre Vanquish pourra vous paraître un peu trop rébarbatif. Question de goût, probablement. Enfin, techniquement la nouvelle création de Mikami est absolument impeccable. Toujours très fin, d'une fluidité à toute épreuve, Vanquish se permet très souvent d'afficher pléthore d'unités ennemis, de vaisseaux gigantesques s'écrasant dans le décor et autres effets pyrotechniques illuminant le champ de bataille. On se montrera peut-être moins enthousiaste en ce qui concerne la bande-son relativement anecdotique mais faisant tout de même le job. Enfin, les doublages japonais et anglais sont quasi-irréprochables (en dehors d'une synchronisation labiale hasardeuse) tandis que la version franchouillarde est, comme souvent, sur-jouée et donc à proscrire.

  Conclusion



Vanquish est un titre plein de fureur et de style, une production dense et spectaculaire. D'aucuns pourront lui reprocher une durée de vie faiblarde, s'agissant d'un jeu totalement dépourvu de modes multijoueurs. Certes, l'aventure touche à sa fin après 7 ou 10 heures de jeu selon que vous l'abordiez aux niveaux de difficulté Normal ou Difficile. Ceci dit, l'excellence de son gameplay et la grande variété des situations proposées, sans parler de son mode Défis particulièrement salé ou encore de sa dimension scoring très prononcée, justifient amplement qu'on y revienne à plusieurs reprises. Nous lui reprocherions plus volontiers une tendance au recyclage notamment durant certains combats de boss, l'absence d'évolution de l'armure ou encore une dimension corps à corps en retrait du fait d'un épuisement systématique des ressources de l'armure au moindre coup porté. Alors certes, nous n'aurions pas craché sur une aventure un peu plus conséquente, mais vu la densité et la variété de ces quelques heures de jeu, il n'est pas trop charitable de s'en contenter. En somme, Vanquish est incontestablement le shooter que nous attendions. Vivement la suite.

Vanquish
Vanquish
Vanquish
Vanquish
Vanquish
Vanquish

Les +

Un gameplay en béton armé

Réalisation impeccable

Level-design quasi irréprochable

Un renouvellement continu

Bonne replay-value

Quelle classe !!

 

Les -

Quelques boss fights redondants

Un scénario décevant

Un peu court, il faut l'avouer

Pas d'évolution de l'armure

 

La note de jeuxvideo.fr 
8.0/10


24/10/2010
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