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Test Splinter Cell Conviction

Avec son développement chaotique fait de revirements soudains et de reports, Splinter Cell Conviction est recouvert d'un voile de mystère à peine atteint par une campagne médiatique tonitruante. Totalement dans la tendance avec son orientation action affichée et assumée, cette nouvelle aventure de Sam Fisher se pose en remise à plat complète de la franchise, pourtant déjà pas mal dépoussiérée par le précédent volet. Bonne pioche ?

A bas la hiérarchie !

Splinter Cell Conviction
Sam Fisher n'est pas content. Après des années de bons et loyaux services, à sauver le monde plus souvent que Jack Bauer et John McLane réunis, le voilà en fuite après la mort mystérieuse de sa fille. Pas du genre à regarder les autres jouer à la guerre, le bonhomme a le cœur lourd comme un canot en fer. Qu'est-il arrivé à Sarah ? Pourquoi ? Quel rapport avec Echelon 3, la boite pour laquelle il a bossé toute sa vie ? C'est en mercenaire bien vénère que Sam compte mettre des noms sur les problèmes qui paralysent sa vie depuis déjà deux ans maintenant.

Dans la droite lignée des précédents volets, le côté « Born to be wild » en plus, le scénar' de ce Conviction est efficace sans jamais vraiment surprendre. Même les twists, déjà vus dans quelque film ou série télévisée à succès, ne font pas un effet bœuf. Ils sont pourtant parfaitement mis en scène grâce à l'affichage de textes et de vidéos en incrustation dans le jeu, un effet déjà vu dans certains génériques (seul Panic Room me revient) mais qui est ici parfaitement maitrisé. La narration est fluide, collant bien avec la détermination d'un Sam Fisher qui n'a plus rien à perdre. Malheureusement, sans avoir le charisme d'un Snake auquel on pardonne tout, Sam est une nouvelle fois le dindon de la farce pendant toute la campagne solo. Ouvre les yeux, Sam le poissonnier, personne n'est de ton côté... et ça fait dix ans que ça dure !


L'oncle Sam a quand même plus d'un tour dans sa besace pour obtenir les réponses qu'il désire. Fini le bon temps où il remplissait sagement ses objectifs sans même tuer un garde. L'élimination pure et simple de toute opposition est une des composantes principales du cocktail infiltration/action proposé par les équipes d'Ubi Montréal. Il est possible, voire conseillé si l'on veut débloquer la fameuse capacité de marquer et exécuter ses ennemis, d'abattre les gardes au corps à corps. Cela vous force donc à rester constamment au contact de l'ennemi, et multiplie de fait vos chances de vous faire griller. La récompense est néanmoins de taille : la possibilité de poser un marqueur sur plusieurs cibles avant de lancer une élimination tout en style (et en ralenti) apportant son obole au fun tout en étant d'une efficacité imparable.

Une action qui manque de Conviction ?

Splinter Cell Conviction
Il n'est néanmoins pas question de foncer dans le tas en alignant tout ce qui bouge avec son fusil à pompe. Même si cela est rendu possible par la nouvelle orientation du jeu, vous risquez rapidement de vous retrouver entre quatre planches. Les ennemis sont nombreux et la fuite sera votre meilleure alliée si vous n'avez pas nettoyé un minimum les lieux. Entre action et infiltration, Splinter Cell Conviction trouve tranquillement sa place, sans osciller plus d'un côté que de l'autre. Si les inconditionnels de la série crieront peut-être au scandale, le jeu n'en est pas moins amusant dans sa globalité. Bien sûr, on pourra toujours revenir sur les quelques choix douteux des développeurs, comme le niveau 100% action (une vraie calamité à tous les égards) ou encore les interrogatoires pas franchement exaltants, sans parler des caches d'armes incohérentes avec les lieux visités. Pour varier l'action, on comptera nettement plus sur l'interdiction d'utiliser la force dans certaines sections, la course-poursuite sympatoche ou encore l'écoute d'une conversation à distance sous forme d'hommage à Metal Gear Solid 2.

Bref, Ubisoft a réussi son pari de proposer une infiltration nerveuse sans sacrifier beaucoup de sa liberté de choix et, surtout, sans succomber aux sirènes de l'easy gaming. Splinter Cell, et c'était une de nos plus grandes craintes, n'est en effet pas un jeu facile, loin de là. Même si le corps à corps est, comme dans la plupart des jeux, complètement « surboosté », les situations rencontrées se complexifient tellement que Sam devient obligatoirement précautionneux au fil du jeu. On finit donc souvent par la jouer vraiment Splinter Cell, pour un max de fun d'ailleurs, tout en profitant des passes droits de la jouabilité Conviction. Nous faire revenir aux premières amours de Sam est en ce sens la plus grande réussite du jeu : on scanne les lieux dans le noir, on planifie notre progression et « bim », on passe à l'attaque. Sauf que cette fois, la force est bien souvent de rigueur. Est-ce réellement un problème ?

Splinter Cell Conviction
Splinter Cell Conviction
Splinter Cell Conviction
Sam Fisher n'est pas content, et quand il n'est pas content, il fait tout péter !


Le plus gros frein à notre plaisir de jeu tient au final en deux lettres : « I.A. ». L'Intelligence Artificielle des ennemis est en effet particulièrement incohérente, donc nécessairement agaçante. Souvent idiots, et dotés d'un temps de réaction énorme, les gardes qui peuplent les lieux ont la fâcheuse tendance à être sourds comme des pots lorsqu'un des leurs se fait occire à grand bruit dans leur dos. Par contre, ils vous entendront parfois courir à 20 mètres de là. Dieu n'a pourtant pas fait de paupière pour les oreilles... Bref, n'y allons pas par quatre chemins : l'I.A. de ce Conviction est ce qui se fait de pire parmi les blockbusters actuels. Ça la fout mal pour un jeu d'infiltration, nettement moins pour un jeu d'action. Vous aurez alors compris où penche le cœur des développeurs, n'est-ce pas ?

La Fisher, c'est toujours mieux à deux !

Splinter Cell Conviction
Passée la douzaine de missions de cette campagne solo (pour sept heures de jeu en standard), réussie sans non plus proposer de moment d'exception particulièrement notable, Splinter Cell Conviction nous offre une campagne en coopération scénarisée – sous forme de prologue – vous permettant bien plus que de prolonger l'expérience. Les mécaniques spécifiques évoquées précédemment se prêtent fort bien au jeu à deux, et c'est avec un plaisir non feint que l'on boucle ces cinq nouvelles heures de jeu, peut-être les plus remarquables de l'aventure. On aurait certes pu souhaiter une construction des niveaux un brin plus complexe afin de parfaitement profiter de l'ajout d'un second joueur ; mais ne boudons pas notre plaisir, cette campagne bénéficie de suffisamment de particularités (prise d'otage de notre coéquipier, actions synchronisées, etc.) pour que l'expérience soit convaincante et complète. En plus, on peut enfin accuser quelqu'un lorsque l'alarme se déclenche !

On s'arrêtera nettement moins sur le scénario de cette campagne, une nouvelle fois passable, pour se concentrer sur les autres modes de jeu. Assimilables à de la simple escarmouche entièrement paramétrable, ils occuperont une paire d'heures supplémentaires aux plus acharnés d'entre vous. Repousser des vagues d'ennemis, même avec un pote, n'a rien de bien palpitant dans Splinter Cell. Le versus, très accessoire, est loin d'atteindre l'étonnante complexité des « 2 vs. 2 » des précédents épisodes. On s'ennuie ferme à 1 contre 1, et même en ajoutant des bots, l'intérêt reste très limité. Un tout petit plus pour le jeu, qui fait quand même l'effort de proposer ces modes.


Enfin, terminons notre tour d'horizon de ce nouveau Splinter Cell en évoquant la réalisation. Ubisoft utilise ici l'Unreal Engine 3 et rend une copie convaincante à défaut d'être parfaite. Les défauts de texture sont nombreux, la fluidité du jeu est parfois prise en défaut et quelques collisions demanderaient à être mieux rendues, mais l'ensemble reste quand même très regardable. La technique sert parfaitement le rythme soutenu du jeu, l'accompagnant notamment de pistes sonores efficaces et de bruitages dans le ton. La grosse claque vient, comme d'habitude avec la série, de la gestion dynamique des sources de lumière. À vous de vous créer vos propres zones d'ombre pour rester discret, ou de simplement profiter d'un coin sombre pour attendre le moment pour frapper. Le jeu passe alors en noir et blanc, effet pourvu d'un certain style - au détriment du parfait discernement du décor parfois - alors qu'on l'identifie en un coup d'œil. Un choix esthétique servant le gameplay correctement, c'est suffisamment rare pour être souligné.

Conclusion

Splinter Cell Conviction est un reboot réussi de la franchise. En proposant un gameplay à mi-chemin entre action et infiltration, tout en laissant toujours le choix de l'approche au joueur, il parvient à réunir deux styles que tout opposait jusqu'alors. La question n'est au final pas de savoir si l'action est trop présente : après tout, libre à vous d'esquiver au maximum les affrontements. La grosse interrogation concerne plutôt votre tolérance à l'intelligence artificielle en toc du jeu, à quelques choix de game design surprenants ou encore à un manque général de folie malgré la nervosité du gameplay. En ce qui nous concerne, c'est la campagne coopérative qui a fini de nous convaincre. Si vous avez l'habitude de jouer à plusieurs, ce jeu est fait pour vous.




5
Réalisation 3.5/5 3.5/5 3.5/5 3.5/5 3.5/5
Prise en main 4/5 4/5 4/5 4/5 4/5
Durée de vie 3.5/5 3.5/5 3.5/5 3.5/5 3.5/5
 

Jeuxvideo.fr


13/04/2010
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