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Test de No More Heroes Paradise : Y a-t-il un paradis après la Wii ?

À sa manière, No More Heroes avait secoué les normes un peu poussiéreuses du jeu vidéo grand public en proposant un spectacle typiquement destroy sur Wii. Le deuxième épisode, sorti il y a peu sur cette même bécane avait fait, a priori, le tour de la question. Mais la logique commerciale l'a emporté sur la pose. Marvelous Entertainement étant en galère de cash flow, ils ont redemandé à leur héros punk de les aider. Pas si no future que ça finalement.

Otaku-land
No More Heroes Paradise

Il y a comme un air de « reviens-y » étrange dans ce petit tour supplémentaire de No More Heroes. Mais au cas où, voici un résumé de l'histoire. Travis Touchdown, c'est un peu le loubard qui sommeille en chacun de nous. Ses journées se partagent entre combats de catch à la tv, ses figurines japanime qui prennent la poussière sur son étagère, son chat et une collec' non négligeable de cassettes de cul, histoire de ne pas sortir du motel qu'il squatte.

Un jour, il en a ras-le-bol et s'achète un sabre laser sur un site d'enchères. Pas le faux jouet Star Wars qui végète en haut de nos meubles Ikea ; non, un vrai, qui découpe et tue vraiment. Mais c'est surtout quand débarque la provocante Sylvia Christel que l'excitation de Travis explose. Il y a de quoi, la garce l'allume avec ses jupes fendues et son accent d'actrice porno américaine qui essaye de se donner un genre de « petite secrétaire française vicieuse ». « Ow, Travis, I get zooo hot when you claïmb... the assazin's ranking. » Le voilà embarqué dans une compet' qui consiste à gravir le classement du syndicat des assassins en les tuant, les uns après les autres.

 

No More Heroes : Heroes  Paradise

Si nous sommes réunis ici, c'est pour entendre, comme à la messe, les différences entre la version Wii et ces nouvelles moutures X360 et PlayStation 3. Mes biens chers frères, la HD, cette qualité graphique supérieure, c'est l'argument de vente majeur de ce remix. Mais No More Heroes était déjà sur Wii un de ces jeux qui avait une vraie identité visuelle, sa propre griffe. À la rigueur, il aurait même pu sortir tel quel, avec des graphismes Wii, que ça n'aurait pas choqué les vrais fans de l'esprit crado de l'original. C'est dans l'esprit, et HD ou pas, ça ne change rien. Près de trois ans plus tard, les graphismes ont quand même eu leur dose de viagra. Le cuir du blouson ressemble un peu plus à celui d'un mec qui aurait roulé sa bosse dans des bars mal fréquentés. Les reflets sur les polygones sont plus jolis. Mais globalement, ce n'est pas un environnement riche comme les autres jeux de bac à sable. On est dans la stylisation extrême.

Du coup, même en étant parfois ric-rac (des polygones cel-shadés disparaissant négligemment, comme s'il s'agissait d'un brouillon) on reste dans l'esprit originel de la formule imaginée par le déglingué Suda 51. Lui, il est déjà passé à autre chose. Les débats techniques et stériles, il a déjà donné. Allez lui demander « quelle version a du sang ? », il s'en tape comme de l'an 40. Déjà moins impliqué dans le deuxième opus, il s'est carrément désengagé de ce remix, dont la conversion a été confiée à Feelplus (les petites mains derrière Lost Odyssey). No More Heroes Paradise, c'est un peu Marvelous et Suda 51 qui se sont dit qu'ils allaient faire croquer les petits, un renversement de rôle inédit.

No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes Paradise
« Feelplus a fait un effort minimal pour adapter toutes les prises en main réjouissantes de No More Heroes Wii »


No More Heroes : Heroes  Paradise

Les détracteurs de la Wii sont bien attrapés : les contrôles sont bien meilleurs dans la version originale. Le gameplay était fait pour tirer parti des possibilités de la manette de Nintendo. Feelplus a fait un effort minimal pour adapter toutes les prises en main réjouissantes de No More Heroes Wii. Secouer son nunchuk (dans une attitude ressemblant fortement à la masturbation) devient un simple mouvement « gauche-droite » frénétique au stick. Les prises de catch sont désormais des petits mouvements sur ces mêmes sticks analogiques. Et secouer le nunchuk quand on croise le fer revient à tournoyer ces sticks dont on espère qu'ils tiendront. Le genre de trucs bien fatiguant puisqu'on change souvent sa propre prise en main, un peu comme pour une partie de Track & Field. C'est poussif.

Du coup, la difficulté est montée d'un cran, direction frustration et compagnie. On s'en sort avec l'habitude, mais c'est délicat... en tout cas, à la manette. Car, nouveauté de la version européenne : No More Heroes Paradise est compatible avec le Playstation Move et le Navigation Controller. En l'état, et moyennant une dépense supplémentaire assez importante pour les accessoires, l'expérience s'avère bien plus agréable au Move qu'à la manette et de surcroît très proche de l'expérience à la Wiimote (il manque seulement un haut-parleur au Move). Précisons que sans Navigation Controller, le jeu nous impose un combo « Move + manette Dualshock » vraiment pas pratique.

No More Heroes : Heroes  Paradise

En bon beat them up 2.0, No More Heroes proposait d'explorer la ville de Santa Destroy à bord d'une grosse moto qui ferait envie même à Solid Snake. Cet aspect a d'ailleurs été complètement sabré dans l'épisode suivant, préférant l'enchainement des boss et des répliques qui fusent. NMH premier du nom vous obligeait de prendre le temps, vu que le syndicat des assassins réclamait à chaque nouveau grade une somme exorbitante. De mauvais poil, Travis se retrouvait à faire des petits boulots ridicules, du genre ramasser des noix de coco ou tondre le gazon pour payer son droit d'entrée dans la guilde des assassins. Tout cela n'a pas changé. Avec cet argent, le garnement pourra aussi se payer des nouvelles fringues, améliorer ses armes ou s'entrainer dans une salle de muscu, un stage bien plus productif qu'une remise en forme à Clairefontaine. On est dans un bac à sable qui entretient l'illusion d'une liberté alors qu'en fait, il y a toujours aussi peu de choses à y faire, dans des décors qui font un peu carton-pâte, même dans cette nouvelle version.

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No More Heroes Paradise

On avait oublié à quel point l'obligation de courber l'échine pour gagner de l'argent pouvait être enquiquinante quand on a envie de passer à la suite immédiatement. Le pire, c'est que la thune accumulée après chaque niveau, chaque boss sanguinaire assassiné, ne suffit jamais à enchainer deux niveaux d'affilée. On veut que tu bosses. Malheureusement, malgré toute la sympathie qui émane de cet embryon d'univers libre, on retrouve aussi la frustration d'il y a 3 ans, en pire. Pas assez riche pour passionner, trop lent, trop coupé par des chargements abusifs. C'est hallucinant de voir que ce dernier point n'a pas été optimisé, comme si la pénibilité du travail virtuel, c'était comme dans le monde réel. Il nous restera ses délicieuses touches rétro et l'humour de chaque instant, via ses boss, aussi mordants qu'une caricature au vitriol. Le vrai kifdu jeu.

Conclusion

Cette redite s'adresse exclusivement aux snobs et/ou malchanceux qui avaient manqué l'original, regardant de haut cet ovni punk qu'on manipule en gigotant une Wiimote et son Nunchuk. Mais No More Heroes premier du nom a perdu de son sharingan. En le sortant après le 2 sur Wii, qui était comme il se doit une belle explosion orgasmique de fanboy, le premier a perdu de sa superbe. Les défauts de l'original deviennent flagrants, comme ceux d'une ex avec qui on recouche, juste pour le fun, des années après. Ça reste bon pour ceux qui ignorent encore le plaisir de massacrer des boss fantastiques dans une ambiance parodico-gore, mais ça vire au moyen si on a déjà donné... un peu comme un film d'action dont les images de synthèse auraient pris un sérieux coup de vieux lors d'une rediffusion télé.

No More Heroes Paradise
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No More Heroes Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise
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No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise
No More Heroes : Heroes  Paradise

Les +

  • Refait en HD
  • Un univers qui t'en mets plein les dents
  • Des boss toujours aussi géniaux
  • Toujours hilarant
  • Combo Move + Navigation controller agréable...

Les -

  • ... mais cher ; et sinon c'est moins agréable à manipuler
  • La même musique en boucle : In.sou.te.nable
  • Passer après le 2, dur dur...
  • Aucun intérêt pour ceux qui l'ont déjà fait

La note de jeuxvideo.fr

7/10


01/06/2011
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