Test de Driver - San Francisco : retour en forme
Carburant à coup d'idées nouvelles, Driver : San Francisco renoue à sa façon avec le fun des premiers épisodes et rassure sur la santé de la série.
Retour sur la fin de Driv3r, dont ce nouvel épisode prend la suite directe : au prise avec Jericho, son ennemi de toujours,Tanner était heurté par une voiture et plongeait dans un profond coma. Ici commence ce cinquième épisode, entre lit d’hôpital et rêve inconscient, alors que le héros emblématique de la série se retrouve aux commandes d'un pouvoir mystérieux qui lui permet de prendre possession de n'importe quelle voiture. Si la pirouette scénaristique, fumeuse, ne tient pas la distance - , le fameux shift ou téléportation auquel il sert de prétexte convainc, lui, quasi immédiatement de ses vertus ludiques.
Activable à tout moment par simple pression sur une touche, ce fameux « shift » fait se détacher l'esprit de Tanner de son corps selon différents niveaux de zooms, allant d'une hauteur d'immeuble à un point de vue très aérien. Ces trois altitudes présentent l'intérêt de varier la vitesse de déplacement sur la carte de la ville, joliment modélisée en 3D sans qu'aucun temps de chargement ne vienne freiner les transitions entre les niveaux. Revenir au volant d'une voiture est aussi simple que d'en sortir : il suffit de pointer vers l'une d'elles pour la mettre en surbrillance, puis de valider. On repère les voitures qui amorcent les missions très simplement, par les icônes qui les signalent - jaune pour les objectifs principaux, bleues pour les missions secondaires.
Vite indispensable, le pouvoir de téléportation permet de circuler sans contrainte d'un point à l'autre de la ville, évitant au passage la laborieuse phase d'approche de la mission. Il faut dire que le San Francisco de ce Driver est vaste et littéralement saturé de choses à faire ; on escamote donc avec joie la conduite libre pour entretenir le rythme des parties. Entre la pléthore de missions scénarisées et d'objectifs secondaires, l'aventure solo fait montre d'une durée de vie considérable, d'autant qu'elle se pratique sur le mode du « picorage » : séquences de drift, course classées, contre-la-montre et autres missions de police se succèdent en courtes séquences, facile à consommer grâce au shift.
Si certains objectifs ne permettent pas d'user de son pouvoir une fois au volant, d'autres y engagent allègrement comme les missions police vs. fuyards, que l'on apprend vite à arrêter en projetant les voitures en sens inverse - un moment jouissif qu'un ralenti nous permet de savourer pleinement. Autre carotte de la progression, les objectifs font gagner des Points de Volonté, principalement échangeables contre de nouvelles voitures et améliorations - barre de boost en tête. L'achat de nouveaux garages permet enfin de débloquer de nouveaux objectifs qui s'ajouteront aux missions d'origine. Point appréciable, chacune d'entre elles raconte une histoire, introduite par un court dialogue entre le conducteur et son passager : un principe qui fait office de réservoir à fictions cocasses autant que de mise en situation motivante. Qui ne rêverait pas de se venger des sarcasmes et remontrances de son moniteur d'auto-école en l'effrayant impunément à coups de drift et cascades sauvages ? Une mission nous glissant dans la peau d'un apprenti conducteur nous donne ce plaisir. Ailleurs, c'est un indic' pris en chasse que l'on doit conduire en sécurité, en veillant à contenir sa jauge de « parano » qui grimpe dès qu'on emprunte les rues principales : l'itinéraire doit donc éviter les grands axes tandis que l'on navigue au radar, le nez sur la carte : pression garantie !
Aucune de ces séquences n'est pourtant inédite ; les actions en elles-même se ressemblent, variantes répétitives de courses ou chasses-à-l'homme dont seul diffère au final l'enrobage ; un défaut que gomme largement la mise-en-scène des missions, dont les situations rocambolesques amusent autant que l'action elle même. . En général, Driver : San Francisco se distingue par une finition de qualité, quand bien même sa technique semblera datée. Les vilains effets de lumière et les textures en aplats un peu vieillots sont peut-être le prix à payer pour une fluidité de chaque instant. En vue subjective, l'impression de vitesse est même plutôt saisissante, renforcée par l'animation des mains sur le volant, totalement raccord avec l'action.
Globalement terne, la direction artistique connait malheureusement des fortunes diverses, épinglant certains décors de la ville (les rues « en escaliers », le Golden Gate Bridge), en ratant d'autres (les très ternes chemins off-road). Dommage, étant donné le potentiel cinégénique des scènes d'actions, même si l'ensemble reste visuellement cohérent et respire malgré tout d'une vie propre - merci aux piétons immortels qui font leur grand retour. L'I.A. n'est pas non plus exempte de tout reproche, créant à l'occasion quelques situations absurdes ou frustrantes, comme ces séquences où nos poursuivants nous tracent à la façon de missiles têtes chercheuses.
On apprécie par contre de sentir au volant une vraie différence entre les nombreux véhicules, qui vont de la citadine basique à la muscle car hyper rapide comme la Ford Shelby GT. Si les caractéristiques de vitesse, power et drift ont leur importance et appellent un choix judicieux à l'abord d'une mission, les gabarit des véhicules - restitués de façon raisonnablement crédible - sont également mis à profit. Il sera ainsi fréquemment judicieux d'utiliser bus et camions pour arrêter des ennemis ou d'emprunter des voitures basses pour passer sous certains véhicules. Bien entendu, ces différences restent schématiques et la conduite doit plus aux règles fantaisistes des action-movies qu'aux simulations rigoureuses. Mais cette facilité d'accès est aussi la clé de la plus belle réussite de ce Driver : ses scènes d'actions.
Opération réussie pour la relance de la franchise avec ce Driver : San Francisco, qui parvient à faire oublier les déboires passés grâce à une idée nouvelle : le pouvoir de se téléporter d'une voiture à l'autre. Si cette irruption du fantastique fait s'éloigner le jeu de ses racines « vintage », elle n'en reste pas moins riche de nouvelles perspectives ludiques, aussi bien en solo qu'en multi. Qu'on se rassure, les courses-poursuites over the top composent toujours le cœur du gameplay, servi par la fluidité du frame-rate au prix d'une technique un peu datée. Également regrettables, les errements du scénario suscitent inévitablement le désintérêt vers la fin du solo, alors que le manque de panache de la direction artistique se fait sentir. Cela n'empêche pas le titre, sûr de ses forces, d'assurer une expérience simplement fun et de la décliner en multi au travers de nombreux modes rafraichissants et bien pensés.
Les +
- L'idée du "shift" bien employée
- Rythme soutenu de l'action
- Super fluide
- Terrain de jeu énorme
- Durée de vie confortable
- Multijoueur de qualité
Les -
- Techniquement daté
- Scenario pas crédible
- Direction artistique un peu fade
- Les objectifs qui se répètent vers la fin
7/10
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