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Test de Deus Ex : Human Revolution, un véritable coup de maître !

Onze ans après la sortie du premier volet et succédant à un second opus controversé, Deus Ex : Human Revolution comble pratiquement toutes nos attentes.

 

 

Deus Ex : Human Revolution
Difficile tâche que celle qui incombait à Eidos Montréal après la déception quasi-unanime suscitée par Deus Ex : Invisible War sorti il y a maintenant sept ans ! Le premier Deus EX a tant marqué les esprits que les promesses du jeune studio ont été prises très au sérieux par les joueurs qui ont érigé la création de Warren Spector au rang d'oeuvre culte.

Humain, trop humain ?
Avec Deus Ex, Ion Storm - plus particulièrement la branche d’Austin fondée par Spector – était parvenu à une parfaite alchimie entre FPS, RPG et infiltration. Ce fut aussi un retour en grâce pour le cyber-punk, sous-genre de la science-fiction assez mal représenté jusqu’alors sur PC et consoles.

Avec Deus Ex : Human Revolution, Eidos Montréal renoue avec tout ce qui faisait la puissance de l’épisode originel. Nous sommes en 2027, soit 25 ans avant le premier Deus Ex. Ancien membre du SWAT, Adam Jensen est désormais en charge de la sécurité de la société Sarif Industries, menée par l’ambitieux philanthrope David Sarif.

Sarif Industries est une société leader dans la technologie des augmentations. En 2027, le recours à la cybernétique se banalise et David Sarif souhaite accompagner l’humanité jusqu’au prochain stade de son évolution. Mais tout le monde ne l’entend pas de cette oreille et nombreux sont les détracteurs de ce genre de manipulations. Les plus déterminés d’entre eux se sont réunis sous la bannière du groupe militant Pureté Absolue et dénoncent les outrages faits à l’intégrité du corps humain et le contrôle

que s’arrogent les grandes compagnies comme Sarif Industries sur la vie des augmentés par le biais des drogues antirejet ou des implants cérébraux.

Deus Ex : Human Revolution

Alors que Megan Reed, scientifique pour le compte de Sarif Industries mais aussi nièce de David Sarif et ex-petite amie d’Adam, s’apprête à faire part au monde d’une découverte capitale dans la recherche sur les augmentations, la société est attaquée par un commando d’augmentés qui laisse Adam entre la vie et la mort. Pour le sauver, David Sarif le change en un super-soldat bardé d’augmentations dernier cri. À son réveil - plusieurs mois après - Adam apprend la mort de Megan pendant l’attaque et se voit chargé d’enquêter sur ces mystérieux augmentés et leurs commanditaires.

 

« Torse, dos, tête, bras, jambes et même poumons, Adam n’a plus grand-chose d’humain »


La technologie des augmentations cybernétiques de Human Revolution préfigure de ce que seront les augmentations nano-technologiques du premier volet. Torse, dos, tête, bras, jambes et même poumons, Adam n’a plus grand-chose d’humain. Mais cette trans-humanité lui confère de puissantes habilités, qu’elles soient athlétiques, offensives ou encore intellectuelles.

Les points d’expérience sanctionnant nos actions nous octroient un point de dynamisation à chaque pallier franchi. Ces points serviront ainsi à augmenter Adam : l’activation d’une augmentation nous en coutera deux points puis chaque « spécialisation » un point. En dehors d’une clinique dispensant des points à 5000 crédits l’unité - une fortune - la seule façon de les acquérir consiste donc à accumuler de l’expérience. Autant dire qu’il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant de dépenser ces points durement acquis.

Et mieux vaut ne pas trop se disperser non plus et adopter un principe de cohérence dans le façonnement de notre personnage. En effet, selon que vous adoptiez une approche plutôt frontale ou furtive, que vous préfériez la neutralisation de vos ennemis ou les laisser dans l'ignorance de votre passage, que vous choisissiez plutôt de passer par la grande porte, les conduits d’aération ou des accès solidement gardés par un réseau informatique prêt à mettre vos talents de hacker à l’épreuve, le choix de vos améliorations devra être mûrement réfléchi.

 

 

Parcours du combattant ou parcours santé
Deus Ex : Human Revolution

Car la force première de Deus Ex : Human Revolution, ce qui rend le jeu vraiment passionnant à explorer de bout en bout, c’est bien cette richesse de possibilités de parcours. Chaque lieu à infiltrer est parcouru de multiples voies d’accès. À tel point qu’il est tout à fait possible de recommencer le jeu plusieurs fois sans jamais aborder un lieu de la même façon. Et cette variété n’a rien de factice : c’est véritablement au joueur de déterminer la physionomie de sa progression. Cette liberté est source d’un plaisir rare. Quand l'immense majorité des FPS actuels se contente d'emboiter des couloirs balisés de checkpoints, qu'il est bon de reprendre enfin l'initiative !

Le level-design est à ce titre diablement intelligent puisqu'il ménage de multiples circulations entre le décor et son envers. De sorte qu'il maintient ainsi constamment l'illusion d'une progression échafaudée par le joueur et que l'on a jamais vraiment le sentiment d'un chemin linéaire et prédéfini. Et ça, c'est ce qu'on appelle du level-design mes amis.

Rien que pour cette précieuse liberté, Human Revolution est bel et bien le digne héritier du premier volet, mails il offre plus. Les augmentations sont de nature très variée et peuvent être enrichies de multiples options afin d'en étendre les applications. Rien que le piratage informatique engloutira un joli pactole de points si vous souhaitez maîtriser les cinq niveaux de spécialisation, les options de contrôle de tourelles et de robots, les améliorations en termes de furtivité sur le réseau ou de rapidité dans la capture des nœuds, etc. Bref, transformer Adam en soldat parfait réclame beaucoup d'investissement.Et puisque nous causons piratage - n'oubliez pas les enfants, c'est le mal - il nous faut attribuer une petite mention spéciale à ce mini-jeux particulièrement bien pensé. On aurait pu craindre que s'attaquer aux réseaux de sécurité des lieux auxquels on cherche à accéder ou déverrouiller informatiquement toutes les portes nous bloquant la route finirait par devenir pénible. Et bien non. Le piratage nécessite réflexion, vitesse et sang-froid, de sorte que mieux le réseau est protégé plus le plaisir d'en venir à bout est intense. De petits shots d'adrénaline qui ponctuent avantageusement l'aventure.

Deus Ex : Human Revolution

Mais une progression ne se construit pas uniquement sur des choix de points d'accès ou des portes à hacker. L'action et l'infiltration sont également deux versants importants du gameplay de ce Deus Ex. Côté action, on retrouve tous les fondamentaux du FPS d'aujourd'hui agrémentés de quelques mécaniques en vue third person plutôt utiles et de possibilités d'upgrades de l'armement assez étendues. On regrettera simplement que l'interface de sélection rapide des armes soit aussi pénible à utiliser sur console. Sur PC, évidemment, la molette de la souris dispense de toute utilisation de cet outil.

« Adam n'ayant pas l'éventail de mouvements d'un Snake, cela oblige d'une certaine façon le joueur à faire preuve de beaucoup de précautions dans son approche »


Et question infiltration, les mouvements à notre disposition sont plutôt limités. En dehors d'un passage rapide entre deux planques et de la position accroupie permettant de limiter le bruit des pas, il n'y a guère d'autres possibilités offertes pour tromper la vigilance des ennemis. Cela dit, l'IA est loin d'être brillante. Par exemple, un garde nous ayant surpris dans l'encadrement d'une porte n'en franchira jamais le seuil pour tenter de nous dénicher. De sorte qu'il est finalement assez aisé de se faire oublier.

Toutefois, Adam n'ayant pas l'éventail de mouvements d'un Snake, cela oblige d'une certaine façon le joueur à faire preuve de beaucoup de précautions dans son approche. Et ça n'est pas plus mal. Ceci dit, là encore les joueurs consoles rencontreront quelques soucis de réactivité à la manette. La configuration des touches n'est pas franchement idéale et c'est encore une fois la version PC qui a l'avantage sur ce terrain. On s'en serait douter.

Au passage, petite mise en garde aux amateurs d'action virile qui n'auraient jamais approché le premier Deus Ex : gare à vous, même en mode de difficulté intermédiaire les ennemis s'avèrent redoutables et la mort survient la plupart du temps en deux ou trois rafales de balles. C'est pourquoi le jeu encourage d'une certaine manière la patience et la réflexion plutôt que le recours aux armes à la première occasion.

Un futur terrifiant ... mais passionnant

Bref, avant d'être un FPS, Deus Ex est surtout un jeu de réflexion et d'exploration et ça tombe bien parce que c'est surtout ce qu'on lui demande. Les joueurs avide de séjourner longuement dans un univers pour s'en imprégner auront de quoi faire. Si la quête principale offre aisément entre 20 et 25 heures de jeux, les nombreuses missions annexes doublent facilement le compte. Et le mieux dans l'histoire, c'est que ces quêtes secondaires sont pour la plupart très bien pensées, séquencées en objectifs à remplir et évitant les allers et venues inutiles.

Deus Ex : Human Revolution

Une bonne quarantaine d'heures de votre vie, voire plus, seront donc englouties par Deus Ex : Human Revolution. Et on ne s'en plaindra pas, car l'univers imaginé par Eidos Montréal est tout simplement captivant. Grâce à des dialogues, journaux, e-mails, extraits de livres et, plus généralement, grâce à un contexte politique et social tout à fait crédible, le monde déclinant de Deus Ex : Human Revolution, de ses petites histoires sordides à ses grandes figures, tout cela donne envie d'explorer sans relâche. Et comment ne pas applaudir des deux mains l'excellence de la direction artistique, probablement une des plus belles réussites de ce titre. Eidos Montréal s'est livré à un véritable travail de scénographie, concevant des environnements dont la sophistication laisse parfois admiratif.

Alors bien sûr tout n'est pas non plus parfait. Certes le jeu soulève des thématiques intéressantes et des questions dignes de certaines grandes œuvres d'anticipation (Blade Runner pour n'en citer qu'une), mais on aurait aimé qu'il les traite un peu plus en profondeur. La question du rapport au corps, de ses frontières contestées par la cybernétique, celles du contrôle des masses ou de la collusion entre médias et grands groupes industriels, il y avait vraiment de quoi faire. Dommage qu'Eidos Montréal se contente de rester un peu trop en surface en n'impliquant pas assez le joueur.

 

 

« À plusieurs reprises nous avons été confrontés à du poping massif »


Et puis il y a la dimension technique du jeu sur console. À plusieurs reprises nous avons été confrontés à du poping massif, un retard d'affichage tel que le décor nous est apparu tout juste esquissé de textures grises avant de se réaliser enfin sous nos yeux. Quant à la version PC, si on constate bien quelques saccades malgré le recours à une machine performante, on ne déplore pas ce genre de désagréments. Question de mémoire sans doute. En dehors de ces quelques accidents de parcours, l'ensemble du titre s'avère visuellement tout à fait honnête, si ce n'est un décalage sans doute trop prononcé entre séquences ingame et cinématiques sur PC. On sent que ces dernières ont été réalisées avec le moteur du jeu, version console.

Deus Ex : Human Revolution

Toujours sur consoles (et dans une moindre mesure sur PC), impossible d'occulter la longueur des temps de chargement. Si Square Enix nous assure que la version commerciale du jeu corrigera ce problème nous ne pouvons nous fier à l'heure actuelle qu'au review code qui nous a été fourni par l'éditeur. Et croyez-nous, nous avons longuement poireauter : entre vingt-cinq et trente secondes d'attente à chaque écran de chargement de zone et plus encore lorsqu'il s'agissait de lancer une sauvegarde ! S'il s'agit véritablement d'un problème lié à notre version debug nous apporterons les corrections nécessaires, mais en attendant il s'agit de notre seule référence.

Enfin on se consolera tout de même avec l'excellente bande-son signée Michael McCann. Un score électro lancinant à l'écoute duquel il est impossible de ne pas songer à Vangelis et plus spécialement à la bande originale de Blade Runner (encore lui). Des compositions à la fois dense et subtiles comme on en entend peu en jeu vidéo. Nous finirons par une petite note sur le doublage : la piste anglaise s'en sort nettement mieux grâce à un jeu beaucoup plus engagé et convaincant, mais les comédiens français - quoiqu'un peu trop stéréotypés - font un boulot très correct... On se demande juste pourquoi il y a de temps à autres cette impression d'écho autour de leurs voix.

Conclusion

Entaché par quelques soucis de finition, Deus Ex : Human Revolution n'en reste pas moins un grand titre. Ni tout à fait un FPS, ni tout à fait un jeu d'infiltration et pas vraiment un RPG non plus, le titre d'Eidos Montréal se situe au carrefour de ces genres, comme le fit le premier Deus Ex en son temps. L'engagement des développeurs envers les fans est donc tenu avec ce titre généreux et intelligent, servi par une direction artistique attentive aux moindres détails et un travail d'écriture tout aussi minutieux. Il devient si rare de se voir ainsi offrir une telle liberté d'action que retrouver le goût de l'initiative est déjà un plaisir en soi. Deus Ex : Human Revolution fait partie de ces rares titres à faire preuve de considération pour le joueur en ne le traitant pas comme un demeuré tout juste bon à se goinfrer des kilomètres de couloirs avec des explosions pour faire joli. Un jeu certes imparfait, qui ne va pas encore au bout de ses intentions - on pense à ses thématiques fortes mais malheureusement traitées avec trop de distance - mais un jeu qui redonne le pouvoir au « je », et pour ça, bravo.

 

 

Les +

  • L'initiative est rendue au joueur
  • Un level-design riche et intelligent
  • Système de progression très complet
  • Le piratage, un jeu dans le jeu
  • Direction artistique épatante
  • Score envoûtant
  • Durée de vie très conséquente
  • Quêtes secondaires bien pensées

Les -

  • ... mais traitées avec trop de distance
  • Pas mal de lacunes techniques, en particulier sur consoles
  • Temps de chargement longuet sur PC, interminables sur consoles
  • IA très perfectible
La note de jeuxvideo.fr
8/10







24/08/2011
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