Test Art Of Murder : Les Cartes Du Destin

Nicole Bonnet, l'agent du FBI, nous revient pour une troisième enquête sur les traces d'un nouveau tueur en série. L'héroïne de City Interactive ne perd pas son temps puisque cette aventure point & click nous arrive six mois à peine après la précédente qui nous avait fait traquer le mystérieux Marionnettiste à travers le monde. Pour sa nouvelle investigation, Nicole se cantonne aux États-Unis, et se voit affublée d'un nouveau partenaire, l'ancien se faisant proprement renvoyé du Bureau Fédéral d'Investigations. Le précédent opus nous avait moyennement convaincus, alors qu'il parvenait à faire mieux que le premier. La série est-elle toujours sur une courbe ascendante ?

C'est ton destin !

Les tueurs en série semblent être la passion de Nicole Bonnet. Si jusqu'à présent ses enquêtes lui étaient confiées par le Bureau, cette fois c'est le criminel en personne qui la contacte. Alors qu'elle profite de vacances bien méritées, Nicole reçoit un bien étrange paquet. Ce dernier contient des objets formant une énigme qui va l'entraîner sur la piste d'un tueur mystérieux. Sa particularité est de laisser sur chaque nouvelle scène de crime une carte à jouer. Interrompant son repos, Nicole décide de mettre toutes ses compétences en œuvre afin d'empêcher l'assassin de sévir à nouveau.

Nous nous retrouvons alors dans un jeu d'aventure point & click en vue à la troisième personne tout ce qu'il y a de plus classique. Si vous avez déjà fait les précédentes aventures de la série, vous ne serez pas dépaysés : l'interface est identique. L'inventaire situé en bas de l'écran permet d'examiner, de combiner et de sélectionner les objets ramassés. À sa droite se trouve le PDA de Nicole, qui permet de garder un suivi de l'enquête, de passer des appels téléphoniques et de se repasser les diverses conversations. Très peu utile, il est très mal exploité dans l'aventure. Enfin, juste à côté, un point d'exclamation permet de faire apparaître tous les endroits interactifs des environnements. Le reste est on ne peut plus traditionnel.

Si dans la forme rien n'a changé, c'est dans le fond que cette troisième aventure s'est bonifiée comme nous allons le voir maintenant. Commençons par les objets présents dans l'inventaire, en cliquant dessus avec le bouton droit, il est possible de les examiner plus en détail. Un soin particulier a été apporté à leur modélisation, d'autant plus qu'il est maintenant permis de les faire tourner sur eux-mêmes. Cela permet de déceler de nouveaux indices. Un élément toujours agréable dans ce genre de jeu est la suppression automatique des ustensiles qui ne nous servent plus. Le jeu étant découpé en plusieurs sections, notre inventaire est vidé au début de chacune d'entre elles. Certainement par souci de réalisme, mais cela ne plaira pas à tout le monde, il y a un sens à respecter pour combiner les objets entre eux. Ainsi, pour remplir une burette d'essence, il convient d'utiliser le bidon sur la burette et non l'inverse. De même, certaines actions ne peuvent pas être réalisées, comme prendre un objet précis, tant que ce n'est pas encore le bon moment.

« Une histoire plus aboutie, plus profonde et beaucoup plus sombre que les deux précédentes »

Un autre bon point de ces Cartes Du Destin est la plus grande interactivité avec le joueur au travers de diverses phases de jeu sympathiques, amusantes et bien emmenées. Par exemple dans le parc d'attractions, le stand de tir n'est pas là juste pour permettre d'obtenir un indice faisant avancer l'histoire, mais représente un véritable mini jeu à part entière si l'envie nous prend de nous amuser à tirer sur des canards, des lapins et des oiseaux. De même, tout au long de l'aventure, nous avons l'occasion de procéder à toutes les étapes d'investigation, d'examen des preuves et d'analyse des documents. Il convient alors de procéder par étape et d'être logique. Le titre arrive ainsi à nous mettre complètement dans la peau d'un agent du FBI sans nous mâcher les choses ou prendre des raccourcis pour certaines étapes.

Un gros travail a également été réalisé pour nous proposer une histoire plus aboutie, plus profonde et beaucoup plus sombre que les deux précédentes. Et cela commence par une véritable mise en scène de chaque meurtre. Au contraire des deux opus antérieurs où nous prenions connaissance des assassinats une fois ceux-ci commis, désormais nous sommes déjà présents sur les lieux. Plongés en plein cœur de cette machination, nous croisons les victimes et nous comprenons peu à peu les mécaniques tordues imaginées par le tueur pour les éliminer. L'ambiance est bien retranscrite et la mort de Nicole Bonnet peut survenir souvent (sauvegarde automatique juste avant certains passages délicats).

Le niveau de difficulté de cet épisode est encore monté d'un cran et propose toute une série d'énigmes parfaitement bien intégrées et très originales (papier à plier, reconstitution de graine, analyse de spectre sonore, etc.). Nous pouvons cependant regretter que le pic de difficulté survienne au milieu de l'aventure avec une énigme à base de rayons laser bien corsée pour retomber ensuite sans que le reste de l'aventure ne soit aussi intense.

« Le scénario est plus mûr, plus travaillé et agréablement illustré »

Si l'histoire est plus sombre, visuellement les environnements le sont tout autant et un passage par la correction gamma s'avèrera certainement obligatoire. Rares sont les lieux lumineux, d'autant plus que c'est souvent de nuit que Nicole mène son enquête. Les passages à l'agence du FBI ou l'arrivée en Louisiane sont alors très appréciés car bien plus colorés. Pour autant, les lieux explorés sont tous très travaillés et bien détaillés. Du coup, la modélisation en demi-teinte de notre héroïne ainsi que le manque d'expressivité de tous les personnages passent plutôt mal. De même, l'aspect rigide des protagonistes est toujours aussi prononcé.

Le scénario est plus mûr, plus travaillé et agréablement illustré par une bonne cinquantaine de cinématiques, dont la qualité s'est quelque peu améliorée. L'atmosphère glauque est parfaitement retranscrite par l'ambiance sonore et musicale avec de nombreux thèmes qui changent en fonction des lieux ainsi que des circonstances. Les bruitages finissent de créer la tension par leur variété et leur présence ponctuelle. Une atmosphère également bien mise en scène par diverses animations appropriées comme ces hélicoptères du SWAT qui patrouillent ou ces herbes balayées par le vent devant la mer démontée.

Contrairement aux deux épisodes précédents, celui-ci ne propose pas de localisation française des voix. Nous avons donc droit à une version anglaise de qualité sous-titrée en français. Une traduction non exempte de coquilles et qui adoucit les expressions employées. Ainsi, quand Nicole s'énerve contre son nouveau partenaire, le terme « asshole » devient un gentillet « abruti ». On sent tout de suite moins l'agacement, non ? Enfin, terminons avec la durée de vie de cet épisode plus longue que pour le précédent, avec à la clé une bonne dizaine d'heures de jeu minimum avant de voir la fin.

Conclusion

La série Art Of Murder de City Interactive se bonifie avec le temps et c'est une bonne chose, même si de nombreux petits problèmes subsistent encore. Cette nouvelle enquête est certainement la plus intéressante et la plus aboutie des trois, avec une véritable ambiance et une mise en scène bien malsaine des meurtres. Toutefois, le titre reste bien souvent très sombre visuellement et les différents protagonistes ont bien du mal à s'attirer notre sympathie en raison d'une modélisation quelconque, d'une rigidité d'animation prononcée et d'un fort manque d'expressivité. Une aventure qui séduira à n'en pas douter les amateurs de Nicole Bonnet.