D'ici quelques semaines, Red Faction : Armageddon sera dans les bacs. Mais avant cela, Volution a voulu inviter une dernière fois des journalistes afin de s'essayer à une version quasi définitive du jeu.
En début d'année, Virgile avait fait le déplacement jusqu'à New York pour se frotter au prochain Red Faction. Cette fois c'est direction Dublin, dans le temple consacré au culte de la Guinness (le Storehoure), que l'on a pris la mesure du bébé de Volution. Quatre heures de jeu non-stop pour explorer les profondeurs de Mars, et sa surface chaotique, via un gros morceau de l'histoire principale. L'occasion également d'essayer le multijoueur, mais aussi de redécouvrir un mode consacré à la destruction d'environnements dans un petit périmètre. La paix sur Mars n'est jamais pérenne, jamais ! Mais est-ce vraiment la fin du monde pour autant ?
Life IN mars
Virgile ayant déjà fait le speech de Red Faction : Armageddon lors de la précédente
preview, faisons l'impasse sur le contenu narratif du jeu. Entrons directement dans le vif du sujet en parlant de ce qui constitue
l'intérêt principal du titre : son moteur physique. Ici, le nerf de la guerre c'est la dévastation (sous toutes ses formes) de ce qui nous entoure ! Par explosion, par désintégration, par torsion, peu importe. C'est d'autant plus important qu'une majeure partie des événements de ce jeu de tir à la troisième personne se déroule dans des endroits confinés : employer la destruction comme attaque alternative est une bonne ruse. Attention toutefois à ne pas compromettre la progression du héros : un escalier endommagé cèdera sous les pas lourds de Darius.
Par contre, on regrette que le level design impose une limite : les alentours sont constitués d'une base solide, invulnérable, sur laquelle se greffent les éléments destructibles. La partie « bac à sable » pulvérisable et reconstructible (grâce à la Nano-Forge) est par conséquent restreinte. Cela n'enlève toutefois rien au plaisir de tout ravager avec le canon à plasma, le Nano-Rifle (vive la désintégration de la matière, qu'elle soit organique ou pas), le Magnet Gun, ou encore les armes à feu plus conventionnelles, mais non moins puissantes, comme le lance-roquettes. Vous l'aurez compris, Armageddon permet une utilisation du décor à notre avantage et l'on prend régulièrement son pied à cogiter sur le meilleur moyen d'interagir avec ce qui nous entoure, que l'on soit ou non dans le feu de l'action.
De l'action monotone
Ce Red Faction étant d'abord un jeu de tir, tournons-nous vers l'ennemi. Une race d'extra-terrestres insectoïdes, plus ou moins primitifs, qui s'en prennent aux humains ayant osé s'aventurer dans les entrailles de la planète rouge. Hormis leurs versions « brutes », la plupart d'entre eux sont capables de se déplacer sur les murs et les plafonds, les plus agiles peuvent sauter d'une paroi à l'autre. Et... c'est tout ! Après trois heures d'aventure, nous n'avons rencontré que ce stéréotype d'alien, avec des variantes certes (certains crachent de l'acide, d'autre balancent de l'électricité, etc.) mais rien qui ne donne pas l'impression de constamment plomber la même racaille à mandibules. C'est regrettable, car la difficulté ne parait se baser que sur leur résistance, et non sur les capacités de l'intelligence artificielle.
Traverser une grotte et tirer sur tout ce qui bouge, un objectif servant de prétexte au procédé (escorter une ambulance, réactiver des pompes à eau pour les réfugiés, récupérer des cellules d'énergie...), c'est tout ce qui a constitué le déroulement de l'action durant trois heures de démonstration. Sans parler des scritps qui font que l'on ne tombe dans une embuscade qu'après avoir reçu un ordre alors que l'on a pourtant déjà exploré les lieux en long, en large et en travers. Point d'orgue de la déception :
l'absence de contenu émotionnel dans toute tentative de dramaturgie. Le doublage est littéralement plat et la mise en scène s'avère creuse : quand Darius affronte la mort afin de secourir son supérieur pour ne retrouver qu'un cadavre, sa réaction se limite à un « Oh non, il est mort par ma faute. » avec une intensité atteignant les répliques les plus poignantes de Droopy.
L'essentiel, graphismes et gameplay, semble sauf...
Le moteur graphique ne s'est pas montré infaillible non plus durant cette prise en main. S'il n'a commis aucun attentat, il se rate sur les détails qui constituent l'essentiel de l'angoisse visuelle : il ne faut vraisemblablement pas faire la fine bouche devant certains effets lumineux, comme la pénombre qui se transforme en halo de gros pixels flous. Un exemple préjudiciable, car traverser des cavernes obscures éclairées à l'arrache est la principale activité de Red Faction : Armageddon. Par contre,
les déformations d'objets, les effets de fumées et les explosions se montrent probants. La séquence de jeu en pleine tempête de sable sur la surface martienne nous a convaincus. L'une des trop rares fois où le titre ne souffre d'aucune approximation esthétique. La monotonie a d'ailleurs été brisée pendant cette période.
La prise en main, elle, est tout à fait honorable. Darius, bien qu'un peu rigide, répond correctement aux commandes du joueur. Le gameplay s'adresse évidemment aux aguerris des jeux de tir à la troisième personne, mais la possibilité d'utiliser une visée assistée à la Red Dead Redemption donne un peu d'aisance aux novices. On peut locker brièvement un ennemi jusqu'à ce qu’il fasse un mouvement rapide pour se sortir de la mire. En outre, le héros collecte des points d'XP à la moindre occasion et en profite pour
améliorer au fur et à mesure ses caractéristiques (une résistance plus forte aux dommages corporels, une jauge de vie affichant la santé des ennemis visés, un sprint plus rapide...) sans pour autant déséquilibrer la difficulté du jeu en la faveur d'un surhomme trafiqué. Au demeurant, à moins de tout ratisser, le joueur sera même contraint de faire des choix d'optimisation.
Tout casser : un délice !
Cette démonstration nous a également offert un temps de jeu en multijoueurs sur le mode « Infestation », un genre de mode « Horde » à la sauce Volution contenant deux variantes. En « Survive », il faut simplement résister aux vagues d'ennemis jusqu'à la mort. En « Defend », il faut protéger des infrastructures assauts alien, jusqu'à ce qu'elles soient toutes détruites. Autre mode de jeu, le mode « Ruin » : le but du jeu est de détruire le maximum de structures dans un espace prédéfini avant la fin d'un compte à rebours. Un amusement où l'on se surprend à jouer aux châteaux de cartes avec ce qui nous entoure, où l'
on cherche le petit truc à anéantir pour maximiser la démolition en chaîne. La soixantaine de journalistes européens présents à l'événement a pu s'essayer à un petit concours récompensant le plus destructeur d'entre eux : ils ont dû s'incliner devant votre serviteur !
Un bol de Dead Space, une touche d'Epic Mickey, un soupçon de Bulletstorm, un bon gros morceau de Starship Trooper, une légère mesure de Riddick, telle est la recette de Red Faction : Armageddon. Volution sait puiser son inspiration un peu partout, mais insuffle de la personnalité à son titre avec difficulté. Un jeu qui a le mérite d'essayer malgré tout de
sortir des sentiers battus avec une réussite vraisemblablement aléatoire. Ce Red Faction devra atténuer sa platitude ambiante afin de ne pas nuire au plaisir réel, procuré par la possibilité de s'amuser avec les environnements, dans un
third person shooter qui assure l'essentiel sur le reste de son contenu. S'il y parvient d'ici la sortie du jeu, prévue pour le début du mois de juin, on pourra même lui pardonner ses errements les moins gênants.