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Test Metro 2033

Formée par des anciens de GSC Game World, l'équipe ukrainienne de 4A Games ne se reconnaissait plus dans la direction prise par le projet STALKER. Tout en restant fidèle au genre du jeu d'action vue subjective, le jeune studio décide - en 2006 - de s'orienter vers l'adaptation d'un livre très en vue à l'époque en ex-Union soviétique, le Metro 2033 de Dmitry Glukhovsky. Une sorte de huit-clos post-apocalyptique mettant en scène des groupes de réfugiés dans le métro moscovite afin de parler de racisme, de repli sur soi et d'autres travers de l'Humanité... Une façon pour le moins originale d'aborder le genre du FPS.

L'Attaque du Metro 2033 ?

Metro 2033 conte l'histoire d'Artyom, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui n'a que de très vagues souvenirs de la vie avant l'apocalypse nucléaire. Son existence, Artyom l'a passée dans les souterrains de la station VDNKh (Exhibition en français) et s'il doit maintenant en sortir, c'est que la menace des Noirs (pourquoi avoir retenu le terme Sombres éloigné de la version russe ?) se fait de plus en plus pressante. Ces créatures sont considérées par certains comme le prochain stade de l'évolution humaine : prochains stade ou non, les Homo Novus - comme on les appelle aussi - représentent surtout le principal danger pour les survivants et ils s'aventurent toujours plus loin dans les conduits d'aération, dans les coursives de la station.

Doté d'une sorte d'immunité à leurs pouvoirs psychiques, Artyom se voit confier le soin d'aller chercher du secours. Une mission qui n'est évidemment pas de tout repos et qui conduit notre jeune héros à arpenter une bonne partie du réseau de métro de l'ancienne Moscou. Chemin faisant, il croise tout ce que l'Humanité peut produire de plus dangereux, de moins regardant quant aux méthodes employées pour survivre. Son aventure est aussi l'occasion de découvrir différentes formes de sociétés mises en place par les multiples groupes de survivants et cela va de la structure plus ou moins libérale, à l'organisation la plus totalitaire possible en passant par une sorte de réminiscence de l'Union soviétique.



Tout au long de son périple, Artyom reste absolument silencieux et l'histoire nous est racontée au travers des nombreux entretiens avec les personnages non-joueurs que l'on ne manque pas de croiser. Cette façon de faire n'est pas nouvelle, mais elle est ici utilisée pour plonger le joueur au cœur du scénario et il nous faut reconnaître le talent de 4A Games en la matière : l'atmosphère est sans doute la grande réussite du jeu. Pour ce faire, les développeurs ont emprunté une voie radicalement différentes de celle choisie par leurs homologues de GSC Game World sur STALKER : la construction de Metro 2033 repose sur une progression la plus linéaire possible et il n'est jamais question de sortir du chemin balisé par le studio.

« Il n'est jamais question de sortir du jeu pour accéder à un inventaire, pour consulter une carte ou pour vérifier le prochain objectif : dans Metro 2033, tout se passe ingame »


De fait, les amateurs de grands espaces ou de mondes ouverts en seront pour leurs frais : dans son déroulement, Metro 2033 se rapproche bien plus des Call Of Duty et autres Medal Of Honor que de ce bon vieux STALKER. Le joueur n'a jamais à chercher la prochaine mission à accomplir pas plus qu'il ne doit se poser la question des moyens à mettre en œuvre. En revanche, cette technique qui vise à tenir le joueur par la main permet de raconter une histoire beaucoup plus riche que celle des jeux ouverts et de nous impliquer davantage dans ce qui se passe à l'écran. Autre avantage, le joueur ne doit normalement jamais être vraiment perdu et, ce faisant, reste captif des scénaristes qui ont d'ailleurs utilisé de nombreuses astuces pour tenir leur audience.



Ainsi, il n'est jamais question de sortir du jeu pour accéder à un inventaire, pour consulter une carte ou pour vérifier le prochain objectif : dans Metro 2033, tout se passe ingame. L'inventaire ? Il n'y en a pas, pas plus qu'il n'y a de carte à consulter et lorsque le joueur ne se souvient plus ce qu'il doit faire, il lui suffit de consulter un carnet qui est parfaitement intégré au jeu. Mieux, dans les passages les plus sombres, il est même nécessaire d'allumer un briquet qui vient éclairer notre calepin. Autre astuce, l'utilisation d'un masque à gaz et de filtres. Ces derniers permettent de respirer dans des zones très polluées et l'usure du filtre se ressent au travers de la bande-son : Artyom perd petit à petit son souffle et se retrouve à la limite de l'asphyxie.



Enfin, le masque peut se détériorer avec le temps et les coups des ennemis. On peut alors remarquer des éclats de plus en plus importants jusqu'à rendre la visibilité très pénible... peut-être même trop. Nous touchons ici au premier problème du jeu. Pour peu que vous ne trouviez pas de masque neuf, il faut faire avec ces éclats exaspérants : au lieu de nous plonger dans le jeu, ils exaspèrent et plombent l'ambiance. Dans le même ordre d'idée, 4A Games a partiellement loupé son coup niveau angoisse. La progression linéaire et l'impossibilité de vraiment se perdre empêchent toute anxiété du côté du joueur qui sait de toute façon qu'il ne lui « arrivera rien ». Il en va d'ailleurs de même du côté de la gestion de la santé qui repose sur la tendance actuelle du repos salvateur.

« Lorsque l'on est touché, il suffit effectivement de se cacher quelques secondes »



Lorsque l'on est touché, il suffit effectivement de se cacher quelques secondes et les medikits ne sont finalement pas très utiles. Pas très utiles non plus, la partie économie du jeu nous semblait beaucoup plus prometteuse lors de notre preview. Cet aspect n'est plus qu'anecdotique et le joueur ne ressent jamais le besoin de commercer pour améliorer son équipement, pas plus qu'il ne risque d'être vraiment à court de balles, même au niveau maximal de difficulté. Enfin, on regrettera une gestion perfectible de la lumière : ce n'est pas l'aspect technique des choses qui est en cause, mais le fait que les souterrains sont toujours très correctement éclairés et le joueur n'a pas l'estomac noué à chaque angle comme il pouvait l'avoir dans Doom 3 ou dans FEAR.

Autre point plutôt gênant lorsque l'on parle d'un jeu d'action vue subjective : les combats, quoique corrects, ne sont pas mémorables. Là, la conception pour le moins étriquée de la plupart des niveaux (métro oblige) est en cause, mais pas seulement. Ainsi, les développeurs n'ont pas fait preuve de beaucoup d'imagination et nous resservent plusieurs fois les mêmes affrontements tout au long des quelques dix heures de jeu. Pire, si plusieurs approches sont généralement possibles (merci les succès à débloquer), on a parfois du mal à vraiment comprendre ce que veulent les développeurs. Des développeurs qui, enfin, ont hélas cédé aux sirènes de la promenade en véhicules : non contente d'être ratée, cette séquence nous est également servie à deux reprises !

Cela étant, il ne faut pas croire que ces errements de gameplay suffisent à torpiller l'atmosphère générale et l'ambiance qui se dégage du jeu. Malgré ces lacunes, Metro 2033 reste une expérience assez étonnante, à condition bien sûr que l'on se prenne au jeu ! La réalisation d'ensemble, quoique inégale et un net cran en-dessous sur Xbox 360, est très agréable et la bande-son est de qualité. On notera la possibilité de sélectionner le doublage russe, mais on regrettera que les sous-titres soient si moches. Regrettons également le manque de rejouabilité d'un titre qui se limite au mode solo et qui a donc de fortes chances de rejoindre le placard une fois la campagne achevée : une campagne qui laisse cependant de bons souvenirs et sort agréablement des sentiers battus.

Conclusion

Souvent comparé à STALKER, Metro 2033 n'a en fait pas grand-chose à voir avec le jeu de GSC Game World. En adaptant le roman de Dmitry Glukhovsky, 4A Games cherche surtout à nous raconter une histoire et ne s'embarrasse donc pas de monde ouvert, de quêtes et d'évolution du personnage. Pour autant, cette plongée dans un Moscou post-apocalyptique est une aventure de qualité où l'intérêt va crescendo. L'angoisse n'est peut-être pas vraiment au rendez-vous et le gameplay manque parfois de maîtrise, mais Metro 2033 procure de très bons moments et marque forcément son auditoire... en espérant que l'adaptation de Metro 2034 soit l'occasion d'un peu plus d'audace.




21/03/2010
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