lesjeux-video.blog4ever.com

Test Fragile Dreams : Farewell Ruins Of The Moon

Un an après la sortie de la version japonaise, Rising Star met fin à l'attente des joueurs européens en éditant Fragile, le jeu d'aventure/action tout en contemplation de tri-Crescendo. Exclusif à la Wii, Fragile a tout du jeu de niche dont on ne pouvait que rêver il y a dix ans, faute d'éditeur suffisamment courageux pour l'importer sur le Vieux Continent. Son arrivée sur nos consoles est-elle vraiment une bonne nouvelle ?

Fragile comme un chêne mou ?

Fragile : Sayonara Tsuki No Haikyo
Seto est un adolescent tout ce qu'il y a de plus classique dans un futur post-apocalyptique tel que le Japon d'après Hiroshima en a imaginé des tonnes. Les humains se font rares, et lorsque la flamme du vieil homme qu'accompagnait notre héros s'éteint, c'est tout naturellement que le jeune éphèbe part à la recherche d'un nouveau compagnon ou de toute forme de vie susceptible de le tirer de la mélancolie dans laquelle il sombre depuis cette lourde perte. Seul face à l'obscurité, à peine atténuée par la vague lueur d'une lune plus inquiétante qu'autre chose, il croisera sur sa route une galerie de personnages amenant différents thèmes comme l'amitié, l'amour, la dévotion, la différence, la mort… Des sujets que l'on a déjà eu l'occasion d'aborder dans d'autres titres japonais avec la même candeur apparente (les Final Fantasy, entre autres), mais certainement pas la même touche graphique, plus proche du Survival Horror que des plaines colorées d'Eternal Sonata, du même studio.

Si Fragile semble quand même utiliser la même technique de « dessin » que le précédent titre de tri-Crescendo, le résultat visuel est au final bien différent. Imposant une direction artistique pesante et dure, Fragile fait bien mieux passer ses messages par la composition de ses plans et l'apport parcimonieux des sources lumineuses qu'avec ses dialogues souvent niais ou ses objectifs de mission bien lourds par moment (le passage du Corbeau, une plaie…). Mention spéciale aux rares cinématiques, absolument sublimes, qui rythment cette aventure lancinante, parfois ennuyeuse mais vraiment digne d'intérêt pour les joueurs un minimum réceptifs aux récurrents états d'âmes japonais.
Une fois n'est pas toujours coutume sur Wii, le design atypique du jeu s'appuie sur une ossature technique solide faisant honneur, dans la mesure du possible en basse définition, aux efforts fournis sur la construction des lieux. Si le tout reste un poil sommaire et cubique, le niveau général est très acceptable, qui plus est joliment accompagné par une ambiance sonore laissant la part belle au silence, entrecoupé de pistes sonores parfaitement dans le ton ou encore de quelques râles perçus via le haut parleur de la Wiimote, vous indiquant en diverses occasions la proximité d'un personnage. On apprécie d'ailleurs la possibilité de laisser les voix originales, en japonais donc, pour profiter à cent pour cent de l'aventure telle que l'ont voulu les développeurs, tout en en comprenant le sens grâce aux sous-titres en langue française.

Fragile, du métal guère solide ?

Fragile : Farewell Ruins Of The Moon
La partie aventure du gameplay de Fragile tire bien parti de l'ambiance parfois légère, souvent sombre, offerte par le jeu. On prend un réel plaisir à arpenter les différents environnements du jeu, armé de notre lampe torche comme seul lien avec le réel. Les lieux ne fourmillent pas tous de détails, mais sont suffisamment bien construits pour que la découverte soit toujours sympathique. Notons qu'à contre emploi, certains lieux comme le métro, la fête foraine ou encore l'hôtel fonctionnent toujours aussi bien une fois vidés de leur substance première, l'Homme. Il est d'ailleurs assez incompréhensible que l'on ait pas plus de challenge qu'un personnage à trouver dans le décor ou une clé à dénicher : on aurait pu imaginer un tas de puzzles tirant parti de l'univers ou même de la jouabilité de Fragile... Diriger son personnage avec le stick du Nunchuk et la lampe en pointant la Wiimote sur l'écran est aisé, même si on aurait aimé que Seto se bouge un peu plus vivement. Cette lenteur a au moins le mérite de nous forcer à contempler l'environnement, à l'aide de la vue FPS statique si besoin, afin de ne rien rater des objets qui parsèment ce monde en ruines. Vie, armes ou encore souvenirs des anciens habitants de cette ville désormais déserte pourront en effet être ramassés, cachés dans le décor ou lâchés par les ennemis une fois ceux-ci tombés au combat.

Malheureusement, la gestion de l'inventaire limité est peu intuitive voire illogique par moment. On passe une bonne partie de son temps à réorganiser son barda pour pouvoir prendre un maximum d'éléments d'un seul coup, coupant l'action là où on aurait aimé se balader sans contrainte. Les allers-retours aux différents feux de camp finiront inlassablement par agacer, d'autant que si ceux-ci nous permettent de sauvegarder, ils sont également le seul moyen d'accéder aux coffres concomitants, dans la plus pure tradition des premiers Resident Evil. Si on n'est pas forcément contre ce système old school de gestion d'inventaire, force est de constater que les cassures de rythme qu'il occasionne ont finalement raison de notre patience et de notre intérêt. Comble de la blase, notre fichue arme a tendance à se casser toutes les dix minutes, forçant une nouvelle fois à « foncer » vers le feu le plus proche. Heureusement que ces lieux de repos sont nombreux et correctement espacés... Toujours au chapitre des pertes de temps inutiles, notons les apparitions aléatoires du marchand, intrigant à tous les niveaux mais souvent bien inutiles par rapport à tout ce que l'on trouve sur notre route ou lors des combats.

Fragile
Fragile
Fragile
Chaque personnage rencontré sera l'occasion d'aborder une thématique


Fragile est donc doté d'une dimension action, symbolisée par des affrontements à l'arme blanche. Rigides, statiques, dénués de tout rythme et trop simplistes, les combats ont pour seul but de faire monter votre jauge d'expérience, qui ne fera qu'augmenter votre vie et les dégâts infligés par vos armes (qu'on ne me parle pas de dimension jeu de rôle, par pitié...). Les ennemis, au design souvent intrigant, ne rendent pas vraiment les affrontements plus intéressants. Souvent immobiles voire complètement inoffensifs, vos opposants ne vous poseront presque jamais de réelle opposition. Les armes de mêlées ont toutes leur efficacité propre, les filets à papillons et autres balais étant de loin les plus meurtriers, permettant qui plus est des attaques de zone dévastatrices qui auront le mérite de mettre un terme rapide à vos souffrances, lors des combats de boss y compris. L'arrivée à la moitié du jeu d'armes de jets ne varie malheureusement pas suffisamment l'expérience, celles-ci prenant de toutes façons trop de place dans l'inventaire pour être « rentables ». Bref, le système de combat de Fragile ne restera pas dans les annales du jeu vidéo...

Conclusion

Fragile, c'est un peu une crêpe au sucre sans sucre. Ça ressemble à une crêpe, ça sent la crêpe, ça a même le goût de la crêpe mais bordel, il manque le sucre ! Faute d'un système de combat plus dynamique et surtout d'une progression moins lourdingue, le plaisir que l'on ressent en jouant s'émiette au fur et à mesure malgré quelques moments riches en émotions dont on se souviendra longtemps ; le titre de tri-Crescendo finira plus du côté du compost que du garde-manger. C'est dommage, on a vraiment l'impression de passer tout prêt d'un jeu hors-pair, pour finalement se retrouver avec un titre sympa, sans plus. Comme si Shadow of the Colossus se faisait au shotgun...


Jeuxvideo.fr


07/04/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres