Codemasters reprend la recette qui a fait le succès (?) d'Operation Flashpoint Dragon Rising pour un opus plus ancré dans la réalité... Enfin, paraît-il.
Critiqué, mais somme toute correct, Operation Flashpoint : Dragon Rising avait été l'occasion pour Codemasters de tenter un improbable grand écart entre spécialistes de la simulation militaire et amateurs d'action grand spectacle. Un grand écart qui ne nous avait que partiellement convaincu en ce mois d'octobre 2009, mais que l'éditeur reconduit aujourd'hui avec la sortie - sur PC, PlayStation 3 et Xbox 360 - de Red River... L'occasion de s'arracher le peu de cheveux qu'il nous reste ou - au contraire - de louer Codemasters pour sa persévérance ?
« Bis repetita placent ? »
Au temps de Dragon Rising, il était question de traîner ses guêtres sur l'île imaginaire de Skira, alors que les forces de l'ALP (Armée de Libération Populaire, les Chinois en somme) se montraient un brin trop pressantes. Cette fois, nous laissons de côté les contrées fictives et - la victoire plus ou moins remportée en Afghanistan - les troupes américaines sont redéployées au Tadjikistan, autour de la rivière Piandj qui - non-contente de donner son nom au jeu - matérialise également la frontière entre les deux pays. Comme de coutume, il sera bien sûr question de
pacifier la région alors que de vilains terroristes font plus que menacer la stabilité du pays et que - vous le verrez bien plus tard - l'ALP semble se préoccuper également du calme de la région... à sa manière.
Dix missions sont donc au programme de cette campagne solo qui tentera de varier un peu les choses en nous proposant des missions de protection, des missions d'assaut et des missions plus originales où rebondissements et changements de buts se font « à la volée », souvent au plus mauvais moment. D'entrée de jeu, on est cependant
agacés par la mise en scène lourdingue. Afin d'en faire un jeu accessible, le studio a réduit les briefings à leur plus simple expression, m
ais il a malgré tout tenu à nous faire profiter du talent de ses scénaristes au travers de cinématiques longues et qu'on ne peut pas interrompre : soyez prévenus, l'humour ultra-pénible du soldat de base est omniprésent et les « on va leur botter le cul » succèdent aux « salauds de terroristes » avec une finesse sans pareil.
Quatre copains en plein Tadjikistan
Histoire de rendre hommage au premier titre de la série, Operation Flashpoint : Red River amorce chaque mission en nous laissant le soin de configurer nos quatre marines. Fantassin (soldat polyvalent), Grenadier (gros bras), Mitrailleur (soutient) et Éclaireur constituent notre fine équipe : pour chacun de ces quatre gaillards, il convient de choisir un équipement adapté. Un choix qui permet de goûter à des armes aussi rigolotes que le lance-grenades ou le silencieux et d'opter pour des gadgets comme les jumelles ou les fumigènes. Il est en outre bon de noter que l'escouade évolue au fil des missions : des gains d'expérience permettent de franchir 20 grades et d'attribuer des points à différentes compétences telles que Kit de soutien ou Vision et suivi. En combinant intelligemment ces aptitudes, il est possible de bien spécialiser ses artificiers.
La personnalisation de ces quatre soldats n'est pas innocente : déjà intéressante en mode solo, elle prend tout son sens dès lors que l'on aborde la campagne en coopératif. Celle-ci permet de jouer les mêmes missions avec trois partenaires humains (en ligne ou en LAN) pour remplacer l'intelligence artificielle. Compte tenu de la médiocrité de cette dernière, il s'agit de la meilleure façon d'aborder le jeu. Déjà critiquée sur Dragon Rising, l'IA n'est guère en progrès avec Red River. Ainsi, nous devons toujours faire avec des alliés complètement abrutis qui ont tendance à passer dans notre ligne de mire au pire moment, qui ne savent pas se mettre à couvert et qui comprennent un ordre sur quatre. Afin d'équilibrer les choses, l'IA ennemie est aussi aux fraises et on s'amuse (pas longtemps) de ces adversaires abrutis qui conservent cependant leur étonnante agilité au tir (en mode hardcore).
Difficulté et aides de jeu
Si nous parlons de mode
hardcore, c'est que les développeurs ont une nouvelle fois tenté d'adapter leur jeu à tous les publics. Ainsi, le mode normal propose beaucoup d'aides à l'écran afin que les néophytes puissent y trouver leur compte. Ils disposent par exemple d'
une véritable mini-carte dans le coin supérieur gauche sur laquelle tous les amis / ennemis sont représentés. Une aide à la visée et un système de radar au milieu de l'écran sont aussi au programme. Des outils qui disparaissent progressivement en mode expérimenté et qui sont bien sûr absents du mode
hardcore. Un troisième mode qui reste cependant très loin du niveau d'immersion d'un ArmA 2 par exemple et si vous cherchez une véritable simulation de guerre, nous ne saurions trop vous conseiller de vous orienter vers le jeu de Bohemia Interactive.
Reconnaissons effectivement que malgré toutes les bonnes intentions de Codemasters, ce Red River n'honore pas totalement son contrat, et ce, même pour les joueurs davantage attirés par l'action. On ne comprend par exemple pas pourquoi les développeurs ont supprimé presque tous les véhicules du jeu : seuls quelques
humvees ont réchappé à la purge ! Autre élément de surprise :
l'ensemble de la campagne nous est apparu comme nettement plus dirigiste avec des environnements encore moins ouverts et des objectifs beaucoup plus précis que sur Dragon Rising. Malgré ses défauts, ce dernier nous semblait un bon compromis entre action grand spectacle et simulation à la ArmA : sur ce point, Red River nous apparait comme une légère régression.
Stupidité artificielle ²
Heureusement, tout n'est pas noir au Tadjikistan et nous pouvons par exemple compte sur un système d'ordres / un système de communication plutôt efficace. Certes l'IA ne nous facilite pas le travail, mais
l'interface - pensée pour la console - reste très maniable quelque soit votre plateforme. On maîtrise très rapidement cette espèce de roue qui permet de dire à nos coéquipiers de se rendre sur la cible, de nous suivre, de se soigner... Peut-être un chouïa plus rapide à la manette, ce système fonctionne tout de même très bien via le clavier des joueurs PC. Ces joueurs pourront se « consoler » en comparant la réalisation sur les différentes plateformes : une fois encore, le résultat est nettement plus flatteur sous Windows (visez le double-cœur 3 GHz, épaulé par 2 Go voire 4 Go de mémoire et une GeForce 9800 GTX) alors que la mouture console se distingue par un crénelage désagréable.
Il faut également faire avec un certain
clipping alors que les animations semblent très quelconques. Heureusement, la variété des décors et leur relative ouverture (par rapport à un FPS basique) viennent relever le niveau et permettent de passer un moment très correct en plein Tadjikistan. Il convient toutefois de bien garder à l'esprit que les missions d'environ 60 - 90 minutes peuvent paraître un peu longues en solo et que nous conseillons vivement le mode coopératif. Il nous faut d'ailleurs signaler que
ce mode coopératif est complété par quelques missions annexes qui viennent allonger un peu la sauce alors que les amateurs de multi compétitif en seront pour leurs frais : pas de
deathmatch ou quoi que ce soit qui y ressemble au programme.
Conclusion
Il est amusant aujourd'hui de relire la conclusion que nous avions rédigée lors du test d'Operation Flashpoint : Dragon Rising. En effet, toutes les critiques que nous formulions à l'époque se retrouvent sur cet épisode tadjik. S'il ne constitue pas un Operation Flashpoint au sens strict du terme, Red River parvient une fois encore à trouver sa voie entre les titres un peu trop basiques de type Call Of Duty et l'exigence d'un ArmA 2. On regrette tout de même que les développeurs n'aient pas profité de ces deux ans pour améliorer les défauts d'intelligence artificielle et que l'on soit obligé de faire avec quelques reculs, du côté des véhicules notamment. On regrette également le manque de variété des missions, un défaut qui passe beaucoup mieux dès lors que l'on se décide pour le mode coopératif... Une raison de plus de n'envisager l'achat de ce titre qu'à la condition d'avoir déjà prête une équipe de quatre copains !
La disparition des aides de jeu en images (normal, expérimenté, hardcore)
Les +
Les -
6/10