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Test de Shadows of the Damned : quand Machete rencontre No More Heroes !

Shadows of the Damned est un jeu d'action classique dans le fond... mais complètement fou dans la forme !

 

Issu de l’imagination de Suda Goichi (No More Heroes) tout en profitant du savoir-faire de Shinji Mikami (Resident Evil, Vanquish) pour le gameplay et d’Akira Yamaoka (Silent Hill) pour la musique, Shadows of the Damned est sur le papier le projet rêvé des amateurs de « nipponeries » léchées. La dernière production de Grasshopper Manufacture ne boxe pourtant pas dans la catégorie des jeux d’exception, de ceux dont on parle encore dix ans plus tard, sans n’être non plus qu’un soft d’action/aventure à la troisième personne de plus.
Un collage fou fou fou
Shadows Of The Damned

Cicatrices, tatouages et perfecto en cuir, le chasseur de démons Garcia Hotspur a vraiment la gueule de l’emploi. Depuis que sa copine Paula est prisonnière des enfers, condamnée à mourir et revivre sans cesse pour le plus grand plaisir sadique de Fleming, il tente de faire le ménage dans l’antre du mal dans l'unique but de récupérer sa biatch. Accompagné par Johnson, un crâne bien bavard qui lui sert de torche, d’arme à feu ou de moto, G (prononcez « DJI ») va errer pendant huit heures pile au cœur des enfers.

Shadows Of The Damned

Shadows of the Damned joue évidemment tout sur son ambiance, une sorte de mélange punk et grindhouse passé à la moulinette Grasshopper. Quand Machete rencontre No More Heroes, cela donne un scénario somme toute sommaire magnifié par un univers complètement barge et des idées plus loufoques les unes que les autres. Il faut dire que les démons fans de fraises qui vous empêchent de tirer sur des têtes de chèvre servant d'interrupteur lumineux, l’émoi sexuel de Johnson qui permet à Garcia de bénéficier d’une pétoire pour le moins énorme (le Big Boner…) et des poissons en lévitation sur le sol servant occasionnellement de guide dans le noir, ce n'est pas vraiment commun

 

Il est évidemment préférable d'être client des facéties de Suda 51 pour apprécier SOTD, qui associe cette fois une bonne touche de gore à son penchant naturel pour le burlesque. Ce n’est en effet pas n’importe quel game-designer qui peut se permettre de stopper l’action de son shooter pour conter des fables noires, souvent amusantes et bien écrites, mais complètement en décalage par rapport à la situation, ou de balancer quelques niveaux de shoot 2d (au style collage papier des plus réussis) à l’ancienne entre deux phases d’exploration/action plus classiques. Comme d’habitude, Grasshopper mélange les genres et les influences pour un melting-pot savoureux de bout en bout.

Un gameplay déjà plus sage
Shadows Of The Damned

Étrangement, le cœur du gameplay reste bien sérieux et classique dans ses mécaniques, assurant à Shadows of the Damned une base plus « grand public » que Killer 7, la précédente collaboration entre Suda Goichi et Shinji Mikami (auquel SOTD réserve d'ailleurs quelques clins d'œil). Le principe de base de ce third person shooter très porté sur l’action est le suivant : défourailler du démon à l’aide d’armes à feux tout en faisant bien attention à rester dans la lumière.

Shadows Of The Damned

Les ténèbres ont en effet tendance à vous envahir régulièrement, faisant progressivement chuter votre barre de vie. De ce postulat de départ, SOTD propose une multitude de situations, qui vont de la course poursuite acharnée à l’obligation de passer dans les ténèbres pour progresser en passant par l’utilisation du lightshot, sorte de tir secondaire vous permettant d’immobiliser les ennemis, de lui retirer sa carapace de ténèbres ou de raviver les fameuses têtes de chèvres évoquées précédemment.

Shadows Of The Damned
Shadows Of The Damned
Shadows Of The Damned
Une ambiance pas tout à fait comme les autres

Les énigmes, les boss, l'environnement, tout est régit par la présence de ce monde altéré, qui s'avère au final aussi utile que meurtrier dans l'accomplissement des objectifs proposés par le jeu. Si le level design met un peu de temps à se libérer du carcan redondant couloir/salle ouverte/couloir, la progression reste remarquablement bien dosée : après chaque boss, une nouvelle possibilité de gameplay se libère offrant aux niveaux suivants de fraiches propositions de design.

Du classique qui sort de l’ordinaire
Shadows Of The Damned

On a donc assez rarement l’impression de bourriner bêtement les hordes ennemies qui s'accumulent, et ce malgré le classicisme général de l’action. La visée épaule, la progression action/énigme/exploration/clé/porte, la présence de trois armes (magnum, mitrailleuse, fusil à pompe) à améliorer au fil du temps, les coups critiques au corps à corps, les potions de vie et munitions à débusquer ou acheter chez le marchand : SOTD ne propose dans le fond rien de plus que la concurrence, aussi âgée soit elle (Resident Evil 4…).

Shadows Of The Damned

Remplacez les munitions par des os, des crânes ou des dents, les interrupteurs et autres clés par des têtes de chèvre et des morceaux de cerveaux et le tout gagne immédiatement en intérêt. SOTD la joue d'ailleurs malin, en prenant soin de rythmer ses phases d'action classiques par différentes séquences de jeu annexes souvent marrantes mais surtout par des boss nombreux, gigantesqueset intéressants à combattre.

On ne s'ennuie jamais, malgré l'étroitesse de certains lieux, la légère tendance au recyclage et le dirigisme global de l'aventure qui finissent un peu par peser sur la fin. Sorti de cet enrobage atypique et, il faut bien le reconnaitre, très distrayant, Shadow of the Damned reste un shooter sérieux et efficace, malheureusement pas toujours irréprochable dès qu’il s’agit d’aligner trois cibles d’affilée.

Techniquement made in 2008
Shadows Of The Damned

La visée épaule se fait parfois capricieuse, ne se calant pas exactement là où on l'imaginait, et cela devient un mini-calvaire lorsque plusieurs ennemis se massent dans un couloir ou pour blaster les démons volant. On peut imputer ce léger manque de précision à une caméra placée trop près du personnage comme à des animations moins fluides qu'espérées, causant quelques moments d'errements dans des rouages ludiques pourtant plus qu'éprouvés.

Shadows Of The Damned

C'est plus généralement la réalisation, assez indigne des productions actuelles, qui grève Shadows of the Damned d'une partie de son intérêt. Textures assez moches, aliasing omniprésent et nombreux bugs en tout genre contrastent en effet largement avec les choix artistiques marqués des développeurs nippons. Le côté suintant propre à un Unreal Engine mal maitrisé rappelle qu'il s'agit là du tout premier gros projet HD de Grasshopper, et renvoie aux productions occidentales d'il y a au moins trois ans. La direction artistique potentiellement intéressante méritait quand même mieux sur ce coup là, notamment au niveau des effets et autres particules.C'est plus ou moins vrai selon les environnements, globalement variés tout en restant à peu près dans les mêmes tendances moyenâgeuses tout au long de l'aventure. Heureusement que le maitre Yamaoka veille, offrant à Shadows of the Damned une bande originale de tout premier plan. Très souvent dans le ton tout en mélangeant allégrement les inspirations instrumentales (percutions, cordes, vent), les compositions prennent un certain plaisir à venir nous surprendre par un décalage malin entre l'action et la musique en de nombreuses occasions. Du travail de pro, tout comme les nombreux bruitages qui donnent vie à ce bien étrange univers. Un mot sur les doublages anglais, aussi bien joués que les dialogues (outrageusement grossiers) de l'ami Suda sont croustillants (attention à la traduction fr, un tantinet frigide). L'ambiance whatefucks'en retrouve ici enfin sublimée ; vraiment dommage que la réalisation visuelle n'ait pas bénéficié du même soin

Conclusion

S’il n’est pas le titre mythique que l’association de grands noms japonais laissait espérer, Shadows of the Damned reste un bon gros délire de créateurs qui s’assume à 100%, et qui plus est un jeu indispensable pour les amoureux du style Grasshopper. Héros badass, dialogues bien velus et univers complètement timbré ne trahissent en effet jamais la réputation du studio, qui aurait quand même gagné à affiner la jouabilité mais surtout la réalisation de son titre. Un peu trop court, le ride proposé par Suda et sa clique se fera ici sourire aux lèvres pour les joueurs sensibles à leurs espiègleries, même si on n'y reviendra pas forcément une fois bouclé. Les autres pourront sans regret passer leur chemin.

 

Shadows Of The Damned
Shadows Of The Damned
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Shadows Of The Damned
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Shadows Of The Damned

Les +

  • Complètement barré
  • Dialogues et ambiance au top
  • Doublages, bruitages et musiques
  • Variété des situations
  • Boss nombreux et sympas

Les -

  • Animations/jouabilité rigides
  • Caméra parfois gênante
  • Techniquement dépassé
  • Pas mal de bugs
  • Un poil court

La note de jeuxvideo.fr


7/10



22/06/2011
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