Avec ce neuvième volet, Netherrealm Studios redonne toute sa vigueur à une série que l'on croyait à bout de souffle.
Pour les plus de 25 ans, Mortal Kombat c'est ce titre sulfureux découvert sur arcade ou consoles 16-bits et
qui fit convulser Familles de France à l'époque. Un jeu de baston qui suscita un incroyable engouement, du fait de ses acteurs digitalisés et de sa violence outrancière. Après trois épisodes en 2D, auxquels s'ajoutent un Ultimate Mortal Kombat 3 et un Mortal Kombat Trilogy, la série s'est peu à peu enfoncée dans la médiocrité. Jusqu'à aujourd'hui. Avec ce neuvième volet, sobrement intitulé Mortal Kombat, Ed Boon et ses équipes sont enfin parvenus à retrouver les sentiers de la gloire.
Mortal Kombat, comme dans les nineties
On pourrait d'ailleurs presque parler de reboot pour la franchise Mortal Kombat, comme le suggère d'ailleurs le titre de cet opus. Oubliées les errances du passé, dehors les super-héros DC et leur respectabilité synonyme d'édulcoration, on revient aux fondamentaux. A commencer par le casting réunissant les plus grands noms de la famille MK.
On retrouve ainsi principalement des combattants issus des premiers volets - jusqu'à Ultimate Mortal Kombat 3 - accompagnés d'un tout petit échantillon de trognes venues d'épisodes plus récents. Mais si on fait le compte, ce casting donnerait presque l'impression que NetherRealm Studios balaie d'un revers de main les Deadly Alliance, Deception et autres Armaggedon. Au total, on retrouve donc 28 personnages jouables (27 sur Xbox 360, Kratos ...), sans compter les deux protagonistes additionnels d'ores et déjà prévus sous forme de DLC.
Mortal Kombat revient à l'horizontal
Côté gameplay, la volonté de renouer avec la trilogie originelle est tout aussi prégnante. D'une part, Mortal Kombat revient au seul plan horizontal, là où MK Vs DC Universe permettait de tourner autour de son adversaire. Et puis, les fatalities retrouvent - enfin ! - toute leur sauvagerie. En témoigne cette compilation qui envoie de l'hémoglobine.
D'ailleurs, avec l'apparition des coups X-Ray, on retrouve le Mortal Kombat inventif lorsqu'il s'agit d'infliger des souffrances inhumaines à son adversaire. Chaque personnage dispose d'une technique de ce genre qu'il est possible de lancer une fois la jauge de
super chargée à bloc. Les effets sont dévastateurs sur la barre de vie de l'adversaire, mais aussi sur son intégrité physique, qu'il s'agisse de son apparence extérieure ou de sa constitution interne.
Mais arrêtons-nous un moment sur cette jauge dans laquelle viennent puiser les attaques X-Ray. Il s'agit d'une nouveauté introduite par ce 9ème épisode et elle n'est pas innocente. On reconnaît là toute
l'influence qu'a pu avoir le succès de Street Fighter IV sur le
game design de Mortal Kombat. Tout comme les Ultra Combo du titre (ou plutôt des titres) de Capcom, le X-Ray ne devient disponible qu'après avoir suffisamment encaissé de coups.
Les attaques X-Ray : violence et souffrance
D'ailleurs, cette jauge est un peu un mix entre celles de revenge et de super venues de Street. En effet, le premier niveau de cette jauge permet de décupler la puissance et changer les propriétés de n'importe quel coup spécial, à la manière d'un coup EX. Au prix de deux niveaux de jauge, il est possible de casser un combo adverse, un peu à la manière du Zero Counter de Street Fighter Alpha (mais cette mécanique de jeu date, quant à elle, de Mortal Kombat : Deception).
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Un gameplay sous influence
Et les emprunts à Capcom ne s'arrêtent pas là. On constate l'apparition d'un dash - avant et arrière - et de la possibilité de déchopper ! Qui plus est, du combat en tag témoigne de l'influence d'un autre jeu signé de la firme d'Osaka, à savoir Marvel VS Capcom 3. En plus de pouvoir changer de personnage sans restriction en cours de combat, il est aussi possible de solliciter son allié le temps d'un coup spécial ou encore de tagger en conclusion de certains combos. Mais là où MK va plus loin que le jeu de Capcom c'est qu'il permet à quatre personnes de jouer ensemble, en 2 VS 2. Et ça, c'est bonheur.
Ceci dit, Mortal Kombat n'est pas Street Fighter et n'a pas à lui être comparé. Son gameplay est, certes, beaucoup plus fermé que celui de la série phare de Capcom mais offre néanmoins une foule de petites subtilités. D'une part, les enchaînements de coups, bien que limités au sol à des chain combos, peuvent être enrichis de multiples façons grâce aux possibilités de juggle.
Le système de jeu fait la part belle aux juggles
C'est d'ailleurs là que la créativité du joueur peut vraiment s'exprimer. Les occasions de repêcher sa victime sont légion et chaque personnage dispose de plusieurs coups - normaux et spéciaux - lui permettant de se livrer aux jongleries les plus folles. Des démonstrations assez spectaculaires circulent déjà sur la toile et nul doute qu'elles continueront de fleurir dans les semaines et les mois à venir.
On peut certes reprocher au jeu de verser dans le « tout-juggle » et donc de favoriser
l'apprentissage par cœur de séquences récitées à la moindre ouverture de garde. Oui, cela peut agacer, mais il s'agit d'une certaine conception du jeu de baston qui favorise grandement le spectacle au détriment du mind game. La notion de match-up est elle aussi beaucoup moins pertinente que dans un jeu de combat traditionnel, à l'instar d'autres concepts fondamentaux comme les hitbox, hitstun, blockstun etc. Ne pas être allergique à cette approche est donc un prérequis essentiel pour apprécier ce Mortal Kombat.
Du contenu, du contenu et encore du contenu !
Généreux est peut-être le qualificatif qui sied le mieux à ce neuvième épisode. Dans son
gameplay, on l'a vu, mais aussi, et surtout, dans son contenu, Mortal Kombat donne sans compter. En plus d'un casting bien fourni, les fans apprécieront le nombre conséquent de
stages : 25. Oui, vous avez bien lu,
25 arènes pour à peu près autant de personnages. Quand on voit que Marvel VS Capcom 3 n'en propose qu'une demi-douzaine ...
Côté modes de jeu aussi,
Netherrealm Studios a mis le paquet. On retrouve évidemment le classique mode
Ascencion - en solo ou en équipe - une série d'affrontements jusqu'à Shao-Kahn. Plus intéressant mais aussi infiniment plus long, le mode
Histoire est une véritable fresque longue de plusieurs heures de jeu nous racontant le neuvième tournoi opposant la Terre au Monde Extérieur, dans une succession de petites et grandes histoires agencées en chapitres.
Les modes de jeu sont vraiment complets
Et ça ne s'arrête pas là. La
Tour des Défis nous impose une série de challenges à la difficulté croissante et aux conditions de moins en moins évidentes à remplir. Du côté de l'inévitable mode
Entraînement, nous avons le plaisir de découvrir des sous-modes très complets comme un didacticiel consacré aux Fatalités ou encore la possibilité de s'exercer au jeu en équipe.
Seulement disponibles en solo, les différents mode Teste (ta force, ta chance, ta vue et ta frappe) sont tous indépendamment accessibles depuis la section Kombat. De plus, le jeu n'est pas avare en extras de toutes sortes (costumes alternatifs, artworks, bios, codes à entrer avant un combat pour des résultats fantaisistes, etc.) qu'il faudra acquérir en dépensant par milliers les pièces patiemment accumulées dans les différentes modes de jeu.
Côté online, Netherrealm assure l'essentiel avec, bien évidemment, du 1 VS 1 et du 2 VS 2, permettant donc à quatre joueurs de jouer ensemble online. On retrouve un système de lobby et un mode spectateur baptisé ici Le Roi de la Colline. Mais une fois encore, NetherRealm ne se contente pas de reproduire sagement ce qui se fait ailleurs puisque les joueurs en attente de leur tour sont ici incarnés sous la forme d'un avatar (personnalisé sur Xbox 360, générique sur PS3) et peuvent manifester leur avis sur le match en cours via diverses expressions. De quoi mettre un petit peu de pression sur les deux joueurs se mettant sur la tronche.
En revanche, même s'il est encore difficile de se prononcer catégoriquement pour le moment, le netcode nous est apparu pour l'heure particulièrement instable. A certains moments, il nous a été impossible de lancer un match. A d'autres, les combats étaient perturbés par un lag très prononcé. Seuls quelques-unes de nos sessions se sont déroulées sans accroc. Il faut donc espérer qu'un patch correctif sorte dans les plus brefs délais ...
Et en plus, il a de la gueule !
Enfin, un point sur la réalisation, tout à fait convaincante. Les protagonistes jouissent d'une modélisation propre, sans trop de problèmes de collisions entre les modèles 3D. La violence des affrontements leur infligent même des séquelles : hématomes, lambeaux de peau arrachés, muscles à vif, c'est gore et très réussi ! Certains ne manqueront pas de pointer du doigt la rigidité des animations, mais après tout il s'agit du style Mortal Kombat que les développeurs entretiennent depuis des années.
Et en plus, c'est plutôt joli !
La mise en scène particulièrement soignée, en termes d'effets de cadrage ou encore d'ambiance sonore, des attaques X-Ray et des Fatalités en décuple toute la violence. Quant aux décors,
il s'agit probablement de la plus grande réussite de cet opus. D'une part, on retrouve un grand nombre d'arènes issues des trois premiers volets, évidemment enrichies de nombreux détails. Et puis, il faut saluer le travail des développeurs sur la composition et l'animation des arrière-plans. Bref, du très bon boulot.
Conclusion
Pas de doute : Mortal Kombat is back. NetherRealm Studios a mis toutes ses forces dans la bataille pour rendre à cette franchise culte des années 90 sa grandeur d'antan. Que ce soit en terme de contenu, de
gameplay ou de réalisation, Mortal Kombat est d'une générosité rare. Bien sûr, il n'est pas non plus exempt de défauts. Son système de jeu - presque - tout entier tourné vers le
juggle et se refusant à nouveau à faire sien des concepts clefs du
versus fighting laissera encore une fois insensibles les détracteurs de la série. Mais, les autres, ceux qui cherchent simplement à s'en mettre plein la tête dans un festival de tripaille et d'hémoglobine, pourront s'en donner à cœur joie avec cet épisode qui s'impose d'ores et déjà comme un des meilleurs de la série, rejoignant ainsi la trilogie originelle dont il aspirait à retrouver la sauvagerie, l'humour et l'inventivité. Bravo.
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