Test de Captain America : Super Soldier, un jeu à l'épreuve des balles ?
Le héros Marvel arrive sur PS3 et Xbox 360 dans un jeu d’action / aventure bourrin, plutôt bien inspiré des ténors du genre mais perclus de défauts nettement perceptibles.
Ici, ces derniers nous racontent l’histoire d’un soldat lambda dont les capacités physiques ont été dopées au maximum de l’espèce humaine par un traitement de pointe. Cela, afin de combattre la menace nazi menée par Crâne Rouge et le Dr. Zola - que « j’accuse » bien volontiers - et non de gagner le Tour de France, bien que le Captain fasse escale dans notre beau pays. Histoire de conquérir le monde, ces derniers s’adonnent à de sombres expériences et créent accessoirement des soldats aussi résistants et efficaces que possible. En plus d’une grande force, endurance, agilité et capacité de guérison, il bénéfice également d’un bouclier supposé indestructible qui lui permet de parer voire de renvoyer la plupart des attaques… mais aussi de frapper ses adversaires. Un bouclier en guise d’arme, oui, c’est possible !
Autant le dire d’emblée : la trame scénaristique n’a rien de particulièrement enthousiasmant. Assez convenue et manichéenne, elle demeure sans grande surprise mais n’est pas non plus désagréable à suivre (la fin pourra cela dit faire grincer quelques dents). De quoi nous occuper pendant environ 6-7 heures si l’on prend le temps de récupérer les très (trop ?) nombreux bonus, à peine dissimulés, et que l’on s’adonne aux quelques challenges annexes – peu intéressants - qui viennent rallonger un chouïa la durée de vie. Il y a des défis de « collecte » avec une vue de dessus, rappelant Pac-Man, et d'autres de combat calqués sur ceux de Batman : Arkham Asylum. Le titre de Rocksteady semble en outre avoir été une des sources inspirations majeures de Next Level Games au niveau des bases de gameplay.
Parlons justement et dès à présent du gameplay. En plus d’une bonne dose d’exploration, Captain America : Super Soldat comporte quelques passages de plateforme « acrobatique » à la Prince Of Persia ou Tomb Raider et des phases de shoot où notre héros joue de la sulfateuse pour « pacifier » rapidement une zone. Il y a aussi des combats, très nombreux et proches de ceux de Batman Arkham : Asylum. Comprenez par là que l’on peut attaquer plusieurs adversaires aux alentours en passant de l’un à l’autre de manière fluide, en n’appuyant que sur un seul bouton d’attaque. Il est aussi possible d’esquiver, de parer les coups ou encore de faire une prise en utilisant une des touches dédiées au bon moment. A l’image du Batarang, le bouclier du Captain peut être lancé sur un ou plusieurs ennemis, faisant ainsi office d’arme à distance.
On note également la présence d’une « vision tactique » permettant de distinguer facilement les éléments interactifs à portée (comme dans Batman : Arkham Asylum encore et toujours), de QTE assez rudimentaires et de quelques énigmes de sabotage ou d’ouverture de portes. On peut aussi prendre un adversaire en otage et user de son arme, attaquer plusieurs ennemis avec un seul coup de bouclier ou encore user de la jauge de « Focus » pour lancer des coups spéciaux dévastateurs. Le Focus est également nécessaire pour déclencher le mode Furie (« Super Soldat ») qui rend notre héros surpuissant. Autre petite subtilité : les ennemis s’attaquent parfois entre eux, accidentellement, lorsqu’ils nous manquent.En somme, Captain America dispose de mécaniques de jeu fonctionnelles et plutôt solides, tirées de certains jeux à succès, qui satisferont bon nombre de joueurs. Il s'agit là d'une certaine satisfaction ainsi que d'une nette évolution par rapport aux précédentes adaptations de comics éditées par Sega (Thor ou Iron Man 2), peu recommandables.
Pourtant, notre constat reste mitigé au niveau du gameplay. En effet, Captain America manque clairement de profondeur, notamment par rapport à ses illustres modèles. Tout d’abord, le jeu est très bourrin, surtout par rapport au titre de Rocksteady. En outre, il n’y a pas de partie infiltration et les énigmes sont ridicules de simplicité (ex : trouver le chiffre ou la lettre identique dans deux suites de caractères distinctes – il suffit de savoir lire ! – ou encore rapprocher doucement deux fils électriques. Précisons au passage que ces deux types de défis sont répétés à outrance et toujours aussi faciles. Ensuite, on déplore que les combinaisons d'attaques soient en si petit nombre. Et ce, même si l'on débloque neuf techniques au fil de l'épopée grâce aux points accumulés ; ces dernières sont d'ailleurs plus des améliorations de coups existants que des nouvelles actions.
Dommage également de ne pas avoir plus de possibilités lorsque l'on effectue une prise au corps-à-corps : on ne peut même pas jeter un ennemi sur un autre. Petite déception aussi au niveau des coups Focus, jouissifs et agréables à regarder mais trop peu nombreux pour captiver sur la durée. C'est au passage quasiment la seule attaque valable contre certains ennemis costauds, dont les boss (plutôt nombreux). La jauge de Focus se régénérant lorsque l'on esquive ou pare une attaque, on finit à chaque fois par faire des cabrioles autour de l'ennemi en évitant ses coups (en chargeant ainsi la jauge) afin de lancer une attaque spéciale ultra-efficace et impossible à contrer. Pas très varié et fin tout ça...
Bien moins riche, inspiré, profond, dynamique et tripant qu'un Batman : Arkham Asylum ou un God Of War III, Captain America paraît de plus très (trop) assisté et aisé. En Normal, finir le jeu sans mourir n'est clairement pas un exploit ; seuls deux passages se sont révélés suffisamment corsés pour représenter un challenge (évitez le mode Facile à tout prix). La faute à une jauge de vie qui se régénère facilement, à des ennemis peu intelligents et à un « balisage » important de l'avancée. Impossible d'ailleurs de se perdre, il n'y a en général qu'un seul chemin possible, bien mis en valeur par l'interface. En tout cas, par défaut ; il est heureusement possible de désactiver certaines aides en passant dans les options et/ou en se mettant en Difficile. Impossible non plus d'échouer dans les phases d'acrobaties : le jeu gèle l'action et attend que l'on presse sur la bonne touche (toujours la même en plus) pour continuer. Aucun fil à retordre, donc aucune satisfaction. Seul le fait de respecter le timing(pour débloquer quelques points supplémentaires) viendra titiller un brin notre soif de challenge.
A l'image du gameplay, honnête bien que peu inventif et profond, le level design demeure suffisant mais trop commun pour enthousiasmer. D'un côté, l'enchaînement des missions est plutôt louable et l'épopée se laisse parcourir sans heurts majeurs, surtout vers la fin où l'on a la possibilité de se balader dans une zone assez vaste aux chemins multiples. De plus, on constate une certaine variété au niveau des lieux visités et des choix esthétiques (couleurs, type d'environnements ou de matériaux...) plutôt logiques à défaut d'être brillants.
Pourtant d'un autre côté, il manque un supplément d'âme, de caractère ou même d'imagination, qui aurait pu rendre l'épopée marquante et captivante. Il n'y a effectivement pas de moments que l'on gardera en mémoire, d'instants qui nous prennent vraiment aux tripes... dommage. On note même quelques soucis de cohérence: certains objets se révèlent étonnamment non destructibles - alors que d'autres, a priori moins fragiles, le sont -, d'autres ne peuvent être franchis qu'à certains instants, d'autres encore (les dossiers et oeufs en céramique bonus) semblent éparpillés aléatoirement dans les niveaux... De petits détails non rebutants qui révèlent malgré tout les limites de l'oeuvre de Next Level Games au niveau de sa construction. Une faiblesse qui n'est malheureusement pas compensée par une qualité technique à l'épreuve des balles.
S'il n'est pas ultra-vilain, Captain America est en effet loin d'être beau. Citons une modélisation en demi-teinte, des textures peu détaillées et sans relief, quelques éléments disgracieux (plantes, ombres étranges, scintillement...) et surtout un manque de fluidité omniprésent qui pourra fatiguer nos petits yeux et cerveaux sans défense. Même si cela reste supportable, il s'agit là d'un réel point noir pour le titre de Sega qui affiche un net retard par rapport à la concurrence. Un retard que n'arrivent pas à masquer l'option 3D (stéréoscopique et Trioviz), même si sa présence demeure toujours un plus dans le fond et qu'elle fait plutôt bien son office. Toujours sur le plan visuel, on note que le Captain paraît un peu mou et lourdaud dans certains de ses déplacements, surtout comparé à Batman. Autre grief : la synchronisation labiale, souvent catastrophique tant les paroles sont en retard par rapport aux mouvements des lèvres, plombe les dialogues dans les cinématiques. D'ailleurs, ces dernières s'avèrent parfois un brin trop compressées, puisque quelques artefacts apparaissent sur les endroits sombres de l'écran.
Côté son, le jeu dispose de doublages français juste passables parfois emprunts d'humour. Les musiques (typé « cinéma d'action ») et bruitages s'en sortent nettement mieux sans non plus nous envoûter. On appréciera particulièrement les bruits des tirs de fusil, ceux des coups Focus (dont la mise en scène au ralenti rappelle Arkham Asylum) et le fait - pas nouveau mais toujours appréciable - que la musique intensifie sa présence lors des moments forts. En bref, on peut dire que la réalisation est suffisamment viable pour que l'on s'amuse, mais qu'elle demeure bien trop perfectible pour convaincre. A l'image des mécaniques de gameplay, voire même du jeu dans sa globalité.
Après un Thor décevant, Sega redresse la barre avec un Captain America : Super Soldier très perfectible mais pas mauvais pour autant. Il pourra convenir à certains fans de l'univers par son gameplayassez solide, inspiré de valeurs sûres comme Batman : Arkham Asylum. Le titre se laisse donc parcourir sans mal, mais ses ficelles demeurent bien trop communes et peu profondes pour enthousiasmer. En plus du manque de créativité, on lui reprochera surtout des tares bien perceptibles (ralentissements, textures peu fines, synchro labiale à la rue) ainsi qu'un manque de variété au niveau des ennemis et du panel d'actions proposés. Quand on voit que le jeu est vendu jusqu'à 65 euros en boutique, on ne peut raisonnablement pas le conseiller les yeux fermés.
Les +
- Des bases de gameplay saines
- Enfin un jeu consacré au Captain
- Une avancée plutôt fluide
- Les coups Focus tripants
- Un brin d'humour
- 3D stéréoscopique correcte
- Le rendu du bouclier
Les -
- ... mais communes et peu profondes
- Manque de fluidité récurrent et graphismes en retard
- Très guidé et aisé
- Manque de variété au niveau ennemis et combos
- Synchro labiale à la rue
5/10
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