En début d'année, on a eu droit à un premier contact relativement incomplet avec SBK X. La faute à une démonstration verrouillée ! Impossible de paramétrer les différents niveaux de simulation du jeu, ni de choisir sa machine, et non plus de la bidouiller afin de vérifier l'incidence des réglages sur la course. Bref, beaucoup d'annonces — alléchantes —, mais une prise en main trop limitée. Cette fois, direction l'Angleterre pour une session complète de jeu en compagnie de Carl « Foggy » Fogarty, champion de légende du SBK.

SBK X offre ses lettres de noblesse virtuelle au Superbike.

L'équipe de Milestone a voulu marquer la différence de façon significative par rapport à SBK'09. « X », les développeurs n'avaient encore que cette lettre à la bouche : nouveau moteur graphique certes (le X Engine), mais aussi ce qu'ils appellent le « facteur X ». L'inconnu d'une équation très simple, qui veut que la perception du jeu soit conditionnée par le joueur. Selon son habileté à maîtriser le guidon, le joueur se fabrique lui-même sa propre expérience du jeu. En lui proposant de choisir entre arcade ou simulation, tout en combinant ce choix à plusieurs paramètres ayant une incidence sur le déroulement de la course (dégâts, usure des pneumatiques, pénalités, etc.), SBK X offre une graduation nivelée complète qui va de la course moto fun « prête-à-jouer » à un affrontement mécanique très pointu.

Une fois l'angle d'approche choisi, Arcade ou Simulation donc, ce sont plusieurs modes de jeu qui s'offrent au joueur. Le mode « Course rapide » permet de courir directement une course en choisissant la position de départ, le nombre de tours, les conditions météo, et le niveau des adversaires. En « Championnat », c'est à peu près pareil, sauf que l'on court sur plusieurs circuits (soit les 14 de la saison régulière, soit une sélection personnalisée). Il est également possible de participer aux séances de qualifications afin de déterminer la grille de départ. Le « Contre-la-Montre » permet de s'entraîner seul face au chrono, avec comme référence le fantôme de votre meilleur tour. Une organisation des plus classique construite autour de trois catégories bien distinctes : le Superstock, le Supersport et le Superbike.

« En carrière, on n'incarne pas un des 80 pilotes du jeu, mais un avatar que l'on peut créer de toutes pièces »

Ce qui va apporter un peu de profondeur c'est le mode carrière, d'un genre tout nouveau dans la série. Contrairement aux autres modes de jeu, on n'incarne pas un des 80 pilotes du jeu, mais un avatar que l'on peut créer de toutes pièces. Visage, taille, poids, style de conduite, équipement (parmi les fournisseurs de combinaisons et de casques les plus connus comme Arai, Dainese, etc.), mais également la personnalisation du bureau depuis lequel on gère tous les aspects de la carrière de notre poulain. Le but de cette dernière : passer du statut de « Rookie » (nouveau venu) à champion incontestable et incontesté de la discipline reine.

Le joueur a huit saisons devant lui pour devenir le roi de la piste. Il faut courir le mieux possible afin de remplir le plus d'objectifs de course possible (battre tel chronomètre, finir au minimum telle position, etc.) afin de se faire sa petite réputation pour taper dans l'œil d'écuries plus importantes, mais également pour passer à la catégorie supérieure. Les prestations sont la clé pour obtenir de bons contrats. Si l'on ne parvient pas à remplir tous les objectifs nous ne sommes pas laissés pour compte, mais les opportunités seront évidemment moins alléchantes. Un moyen de toujours proposer une promotion et ne pas laisser les joueurs les moins performants sur leur faim.

Qui ne freine pas se fout au tas !

Pour mettre du rythme dans tout ce programme, on peut utiliser la cinquantaine de machines du jeu (toutes cylindrées confondues), chacune disposant de ses propres caractéristiques techniques. Milestone a poussé le vice en prenant en compte les différentes données télémétriques de chaque moto afin d'obtenir des machines différentes même entre motos identiques selon son préparateur. Une Yamaha, Ducati, Kawasaki (et bien d'autres) de l'écurie d'un constructeur ne sont pas les mêmes que celle d'une écurie privée. Même si les données n'ont pas toutes été obtenues (la concurrence étant très rude, certaines équipes ont gardé pour elles quelques secrets de course), cela permet de doter des motos virtuelles de comportements très proches du réel.

C'est d'ailleurs ce qui bluffe littéralement lorsque l'on prend la manette. Quand le choix se porte sur une simulation totale, on obtient un jeu très précis et diaboliquement crédible. Par exemple : afin d'avoir une certaine maîtrise de la poussée de la roue arrière d'une Ducati 1198 (et ne pas perdre le contrôle en sortie de virage) sans pour autant diminuer la puissance, on a opté pour un plus gros pignon et une tension de chaîne plus importante. Il suffit de garder un filet de gaz intermédiaire après le point de corde avant d'ouvrir à fond une fois la moto redressée pour être catapulté en ligne droite. Le couple du bicylindre desmodromique (caractéristique de ce bijou italien) étant déjà très élevé à bas régime, même une quatre cylindres à pleine puissance ne fait pas suffisamment la différence juste après le point de corde. Des sensations authentiques ! Ajoutez à ça le son de chaque machine, enregistrée une à une au micro, et vous y êtes !

« Les fans de deux-roues auront tous de quoi se mettre sous la dent, ceci peut importe leur niveau »

En multijoueurs, il faudra obligatoirement jouer sur Internet, l'écran splitté est tout simplement mis de côté. Milestone a bossé sur un moteur graphique et physique très convaincant, il est hors de question pour les développeurs de devoir rogner dessus pour le jeu à plusieurs en local. Néanmoins, en online, on peut jouer jusqu'à 16 dans la même partie (joueurs du mode arcade et du mode simulation sont toutefois séparés), dans une course unique, ou encore un championnat qui peut même être joué équipe. Il est également possible de chasser les meilleurs temps des autres joueurs en contre-la-montre.

Un fossé sépare SBK X de SBK'09. Carl Fogarty, ancien champion sur Ducati (1988, 1989, 1992, 1995, 1998 et 1999) se dit réellement impressionné par la retranscription du comportement des motos, même s'il admet lui-même ne pas être un bon joueur (un motard professionnel qui se vautre à chaque virage dans un jeu, c'est assez drôle). Une parole peut-être un peu marketing (le DLC « Legendary Roster » l'inclue dans le jeu avec sa 996 de 1999, au même titre que de nombreuses machines et pilotes championnes du monde) mais que l'on a malgré tout envie de croire tellement les sensations lors de cette prise en main sortent de l'ordinaire.Au-delà d'un certain feeling, le challenge perpétuel apporté par la recherche de la trajectoire optimale prend un coup de fouet avec SBK X. Comme les fans de deux-roues auront tous de quoi se mettre sous la dent, ceci peu importe leur niveau, c'est la marge de progression qui s'annonce énorme. La pratique régulière d'un circuit permet d'en connaître les pièges, et par voie de conséquences, de devenir meilleur. On emmagasine de l'expérience que l'on soit un amateur ou un puriste inconditionnel. Enfin, pour peu que l'on prenne du plaisir à jouer autrement qu'avec un mode arcade des plus permissif (cf. preview du 26 janvier). Parce que tout le monde n'est pas nécessairement fan du dosage de la poignée d'accélération, de la répartition entre freins avant et arrière, etc. C'est peut-être la seule tare du jeu : pour aimer, il faut apprécier la moto. Il faut également vouloir relever le challenge corsé de la simulation.