Hunted : The Demon's Forge, leTest qui ne fait pas de Caddoc
A vouloir trop mélanger les genres, Hunted : The Demon's Forge se perd dans ses propres méandres et peine à convaincre véritablement le joueur.
Caddoc et E’lara sont armés jusqu’aux dents et, si les deux peuvent manipuler allègrement des armes de corps à corps, des armes de tir et de la magie, chacun à sa petite spécialité. Ainsi, on oubliera Caddoc pour le maniement de son arbalète, arme particulièrement lente, au profit d’E’lara et de son arc à la cadence de tir bien plus rapide. De la même manière, l’elfette n’est pas faite pour le combat rapproché, alors que le guerrier est, sous certaines conditions, particulièrement efficace en la matière. La magie, quant à elle, se révèle profitable à nos deux protagonistes, mais bien plus encore à Caddoc, qui se retrouve souvent démuni quand elle vient à lui manquer. Ainsi, en plein cœur de l’action, nos deux héros sont parfaitement complémentaires et doivent œuvrer en coopération.
Un aspect coopératif encore plus marqué quand on joue avec un ami en local avec écran splitté ou en ligne. Dans les deux cas, la communication entre les joueurs reste un élément essentiel, de même que l’élaboration d’une tactique et la notion de partage. En effet, au cours de l’exploration et des combats, nous allons trouver divers équipements (armes, armures et boucliers) ainsi que des potions et des fioles de soins. Les premières sont propres à notre personnage, tandis que les secondes servent à soigner notre compagnon. Si l’un des deux joueurs se retrouve en manque de fioles, la fin n’est pas bien loin. De même, il est inutile que les deux foncent tête baissée, armes au clair, la punition sera sévère. Au contraire, l’un doit couvrir l’autre, en utilisant au mieux son équipement.
En solo, selon son style de jeu, on préfèrera probablement se focaliser sur l’un des deux protagonistes. L’intelligence artificielle de notre coéquipier se révèle particulièrement efficace, et il faut vraiment en vouloir pour que notre compagnon se retrouve en difficulté au point de devoir être soigné. D'un côté, on évite de se traîner un boulet incompétent, de l’autre côté, cela simplifie fortement les choses, on se concentre presque exclusivement sur son personnage du moment, ou l’on profite de la puissance de l’autre pour souffler un peu. Les lieux traversés regorgent de murets derrière lesquels s’abriter pour cribler de flèches nos adversaires. Leur bon usage se révèle indispensable dans les niveaux de difficulté plus élevés que le niveau « Normal ». Autrement, on optera pour les déplacements rapides et surtout pour l’utilisation des sorts magiques qui se révèlent extrêmement efficaces, au point de laisser complètement de côté toutes tentatives de corps-à-corps.
Ainsi, l’action est soutenue, les combats sont nerveux, et demandent un petit peu de tactique. Le côté bourrin propre au hack’n slash n’est pas payant sauf à avoir une bonne réserve de magie. Un bémol cependant en ce qui concerne les exécutions de nos adversaires. Ces dernières sont sans intérêt, mal faites, confuses et viennent hacher maladroitement le rythme des affrontements. L’évolution de ses compétences, de la magie et de la vie se fait en fonction d’objectifs à atteindre (dénicher un certain nombre de passages secrets, ramasser des Larmes de Dragon, tuer une quantité déterminée d’adversaires…). Il n’y a pas de notion de niveau, plus on joue, plus on devient puissant, mais on ne sait pas vraiment quand ces statistiques évoluent et c’est toujours une surprise de voir qu’il y a du changement. En matière d’équipement, le jeu est très léger et l’on se contente de récupérer des armes, des boucliers et de temps à autre une nouvelle pièce d’armure. Bref, le strict minimum et aucune personnalisation à l’horizon.
Les pouvoirs de nos héros s’améliorent uniquement en dépensant des cristaux que l’on ramasse ou assemble au travers des zones explorées. C’est par l’intermédiaire de portails placés à des endroits précis que cela est possible. De même, il n’est pas permis de passer d’un personnage à un autre à volonté. Il faut franchir la zone du moment pour arriver au cristal violet qui permettra de choisir l’autre personnage. Chacun d’eux dispose de deux arbres de pouvoir (un magique et un physique) proposant trois voies, avec pour chacune trois stades d’évolution. Mais ces évolutions sont très étrangement pensées. Ainsi, la première s’obtient dès le chapitre 1, la seconde se débloque au chapitre 1-6 et la dernière au chapitre 5. Le jeu comptant au final six chapitres, ce système de progression est franchement bancal.
La progression très linéaire est découpée en une multitude de petites sections pouvant se résumer à des couloirs arrivant sur une sorte d’arène puis un nouveau couloir et ainsi de suite jusqu’à la fin de la section. Là, un temps de chargement est habilement dissimulé par l’ouverture d'une porte obligatoirement effectuée par nos deux héros simultanément, ou par le franchissement d’un passage étroit ou d’un ravin. Un petit peu d’autodérision ne faisant pas de mal, nous avons droit à quelques remarques se voulant amusantes de la part de nos protagonistes notamment sur le fait qu’il faille toujours être deux pour ouvrir une porte. Mais il convient de signaler que le doublage français est loin d’être sans reproche. C’est souvent surjoué, rarement dans le ton, et le tout manque cruellement de conviction même si les petites piques que se lancent nos héros peuvent parfois faire sourire.
Hunted : The Demon’s Forge souffre malheureusement d’un manque de finition également dans sa réalisation. Les graphismes peinent à convaincre, mais savent rester agréables sans être géniaux. Ainsi, la qualité visuelle est très variable d’une zone à une autre. Mais surtout, quelle idée de nous imposer deux premiers chapitres particulièrement sombres, cloisonnés et sans aucun charme qui ne nous offrent que des souterrains sans envergure. Il faut véritablement atteindre le chapitre 3 pour se rendre compte qu’il y a de la couleur dans le jeu. Ensuite, le titre nous offre également un festival de bogues plus ou moins gênants, comme ces problèmes de collisions, et d’intelligence artificielle de nos adversaires qui restent coincés par un élément de décor. Ou pire, ces scripts qui refusent de se lancer, nous empêchant d’ouvrir une porte, de franchir un passage à base de pont à bascule où il faut être deux alors que notre compagnon a disparu de la zone ou encore ces objets indispensables à la résolution d’une énigme qui ne sont pas pris en compte. Il convient alors de recharger sa partie.
Malgré tout, Hunted : The Demon’s Forge parvient à nous retenir devant notre écran. Cela est en partie dû au fait que ses créateurs ont conçu leurs niveaux avec tout un tas de secrets et d’énigmes. Foncer tête baissée sans prendre le temps de bien explorer la zone en cours revient à se priver d’une bonne part de l’intérêt du jeu. Dénicher ces zones dissimulées permet même de découvrir des lieux bien plus travaillés visuellement que les autres. C’est aussi l’occasion de tenter de résoudre quelques énigmes pas bien compliquées, mais qui viennent agréablement rompre la monotonie couloirs-arène-évolution/changement de personnage. Mais comme nous l’avons vu, gare aux scripts qui ne se lancent pas empêchant par là même de résoudre ces énigmes. Ainsi, la durée de vie dépend bien de cela. En traçant en ligne droite, comptez une bonne douzaine d’heures pour arriver au bout et beaucoup plus si vous décidez d’explorer chaque zone de fond en comble pour en dénicher tous les secrets.
Terminons cette critique avec l’ambiance sonore du jeu qui laisse la place aux bruitages plus qu’à la musique. Cette dernière joue sa partition convenablement, alternant les passages épiques et ceux plus inquiétants pour accroître l’ambiance, mais elle n’est pas particulièrement notable pour autant. Ce sont surtout les bruitages qui font leur office en mettant bien en avant la violence des affrontementset les efforts que fournissent nos braves combattants.
Hunted : The Demon’s Forge lorgne tout à la fois du côté du RPG, du TPS et du Hack’n Slash, mais sans jamais véritablement parvenir à convaincre sur chacun d’entre eux. Le jeu nous propose un système de progression étroit, limité, rigide et cloisonné aussi bien dans ses environnements que dans ses deux personnages. Le rythme soutenu de ses affrontements et les nombreux secrets disséminés tout au long de son histoire pourront en satisfaire plus d’un, mais, en raison de sa réalisation bancale, la plupart des joueurs lâcheront leur manette bien avant d’arriver au chapitre 3, le jeu ne commençant à devenir un peu séduisant qu’après quelques trop longues heures de jeu.
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